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France24
Dossier Epstein : comment Donald Trump peut encore limiter les révélations
#USA #Trump #Epstein
Article mis en ligne le 21 novembre 2025

La signature par Donald Trump de la loi appelant le ministère américain de la Justice à publier le dossier Epstein a été célébré comme une victoire contre les tentatives du président américain à garder ces documents secrets. Mais la loi prévoit des exceptions qui pourraient permettre à l’exécutif de ne révéler que ce qui ne peut pas nuire au président américain.

Tout va-t-il enfin être révélé ? Le président américain Donald Trump a signé, mercredi 19 novembre, la loi pour rendre public le dossier Epstein, censé contenir tous les documents relatifs à la "liste de clients" et aux communications du criminel sexuel mort en prison en 2019.

Le texte, adopté à la quasi-unanimité des membres du Congrès, prévoit que le Département de la justice américain doit révéler le contenu de ce dossier dans les 30 jours. Cette fois-ci, Donald Trump a promis qu’il ne fera plus rien pour l’empêcher après avoir tout tenté pendant des mois pour s’y opposer. Les élus "pourront avoir accès à tout ce à quoi ils ont légalement droit. JE M’EN FICHE", a conclu le président américain sur Truth Social, son réseau social.
Deux exceptions prévues par la loi

Malgré les apparences d’un grand soir de la transparence totale à venir sur les liens du financier et délinquant sexuel Jeffrey Epstein, ce message suggère qu’il y aura probablement des limites à ce qui sera publié.

Que veut dire, en effet, "tout ce à quoi ils ont légalement droit". "Il y a des raisons tout à fait légitimes de limiter les informations rendues publiques et d’autres, prévues par la loi, qui peuvent être utilisées par l’administration Trump à des fins plus discutables", affirme Scott Lucas, spécialiste des questions de sécurité nationale américaine à l’université de Dublin. (...)

L’arme fatale pour Pam Bondi afin de protéger son président le plus longtemps possible serait l’exception "pour tous les documents relatifs à des enquêtes en cours", estime Scott Lucas. C’est, en théorie, un argument tout à fait valable : "La publication de documents pourrait compromettre des preuves essentielles à une enquête fédérale en cours", explique Emma Long. (...)

Les opposants à Donald Trump craignent d’ailleurs que le président ait déjà posé les jalons pour utiliser ce subterfuge. Il a, ainsi, demandé vendredi 14 novembre à Pam Bondi de lancer des enquêtes fédérales contre plusieurs personnalités démocrates dont les noms apparaissent dans le dossier Epstein. Certes, "il n’y aurait aucune raison de ne pas publier des documents relatifs à Donald Trump ou à des républicains pour protéger une enquête qui vise des démocrates", reconnaît Richard Johnson.

Cependant, "c’est la ministre de la Justice qui a, seule, accès à ces documents et elle peut très bien décider de ne pas publier des documents qui mentionnent Donald Trump tout en affirmant publiquement qu’il s’agit d’informations relatives à ces enquêtes", craint Scott Lucas.

Pam Bondi peut aussi très bien ouvrir d’autres enquêtes. "Elle n’est pas du tout obligée de révéler qui est la cible de la procédure", précise Emma Long. Autrement dit, elle peut lancer en grande fanfare des enquêtes contre des démocrates tout en rajoutant d’autres investigations en catimini qui concerneraient des "amis politiques" à protéger.

Des recours limités pour les opposants à Trump (...)

Si, malgré tous ces obstacles, la divulgation du dossier Epstein aboutit à des révélations compromettantes pour Donald Trump, ou qui le relie aux activités criminelles du financier, que risque-t-il ? "Il ne peut pas être poursuivi tant qu’il est président des États-Unis", souligne Richard Johnson.

Et une nouvelle procédure de destitution semble tout aussi peu probable car "il s’agit d’une possibilité de sanctionner un président pour des actes de trahison ou des délits commis alors qu’il était en exercice", souligne Emma Long. Ce qui n’est pas le cas dans le dossier Epstein.

Il faudrait donc attendre la fin du mandat de Donald Trump. Il resterait alors une grande question "qui agite les experts en droit constitutionnel depuis le premier mandat de Donald Trump : le président peut-il se pardonner lui-même ?", s’interroge Scott Lucas. Il n’y a, à ce jour, aucun consensus sur ce point…