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Mediapart
En Haïti, la violence armée a plongé la population dans une profonde détresse
#Haiti #effondrement #violences
Article mis en ligne le 3 août 2025
dernière modification le 31 juillet 2025

Les groupes armés contrôlent désormais plus de 85 % de la région métropolitaine de Port-au-Prince, la capitale haïtienne. Ils rendent la vie quotidienne extrêmement dangereuse et difficile. Soumises à des déplacements forcés, des milliers de familles vivent dans des conditions dégradantes.

Port-au-Prince (Haïti), 10 avril 2025. Au Rex Théâtre, un camp installé au Champ-de-Mars, en plein cœur de la capitale, des milliers de personnes fuyant la violence des gangs tentent de survivre dans des conditions extrêmement précaires.

Dépourvues d’infrastructures, d’eau potable et de sanitaires, les personnes déplacées vivent dans l’insécurité permanente. À chaque pluie, leurs abris de fortune sont inondés, forçant les familles à faire sécher vêtements, matelas et effets personnels sous le soleil, quand il revient.

Cet espace, censé leur offrir un minimum de sécurité, est devenu un enfer quotidien. L’absence totale de l’État haïtien aggrave leur détresse, laissant ces citoyen·nes sans soutien, sans ressources et sans perspectives. (...)

Le 3 juillet 2024. Caridad, un quartier de Carrefour-Feuilles, près de Port-au-Prince, est sous le contrôle des gangs depuis quelques années. Lokoday, membre du groupe armé dirigé par le puissant chef Ti Lapli, recharge calmement son arme avant de débuter sa patrouille quotidienne. Depuis plusieurs mois, les groupes criminels ont conquis de nouveaux territoires, provoquant la fuite de milliers de résident·es contraint·es de trouver refuge dans des camps précaires. (...)

Dans les zones qu’ils contrôlent, les gangs ont instauré des postes de péage illégaux. Chaque véhicule qui circule doit s’acquitter d’un droit de passage, imposé par les membres du gang. Les tarifs varient en fonction du type de véhicule, et aucun n’est épargné.

Cette pratique fait exploser le coût du transport intercommunal, qui est désormais multiplié par quatre, voire cinq. Ce système de racket très lucratif permet aux gangs de financer leurs activités criminelles et de consolider leur emprise sur le territoire. (...)

Au Rex Théâtre, ancienne salle de spectacle détruite par le séisme, des centaines d’enfants vivent dans des situations précaires, en proie à la malnutrition, la gratelle et la diarrhée. Dans les camps de déplacé·es, l’absence d’infrastructures adaptées affecte particulièrement les enfants.

Il n’existe ni espace de loisirs ni programme d’accompagnement socio-éducatif pour ces jeunes, déjà fragilisé·es par le déplacement. Faute d’alternatives, les parents sont contraints de laisser leurs enfants jouer dans des conditions insalubres, au milieu de la poussière, des déchets et sans encadrement. Une réalité qui met en péril leur santé, leur sécurité et leur développement. (...)

La montée en puissance des gangs armés à Port-au-Prince a paralysé de nombreux services publics, notamment la gestion des déchets. Dans les zones de conflit, la mairie ne parvient plus à assurer la collecte des ordures. Le principal site de décharge, situé dans la commune de Cité-Soleil, est désormais hors d’accès, contrôlé par plusieurs groupes armés. L’État y est totalement absent. Les habitant·es resté·es sur place vivent au milieu des déchets, dans des conditions insalubres, abandonné·es par les autorités et livré·es à une insécurité constante. (...)

À Port-au-Prince, l’insécurité chronique et la violence armée accélèrent la dégradation des infrastructures encore existantes. Les rues sont en mauvais état, crevassées et impraticables, tandis que de nombreuses maisons sont abandonnées. Dans cette rue autrefois animée, les commerces, petites et moyennes entreprises prospéraient, faisant de la zone un pôle d’activité économique important. Aujourd’hui, tout est à l’arrêt. Le tissu économique local s’est effondré, laissant place à un paysage de ruines et de désolation. (...)