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"Je crains la mort en Syrie et n’ai toujours pas obtenu l’asile en France" : témoignage d’un Syrien de confession alaouite
#Syrie #France #refugies #migrants #immigration
Article mis en ligne le 28 juillet 2025
dernière modification le 25 juillet 2025

Après des années en Europe, Nabil, demandeur d’asile Syrien, craint pour son avenir. Issu de la minorité alaouite, il redoute pour sa vie s’il devait revenir en Syrie. Sa demande d’asile rejetée par l’Ofpra, Nabil attend désormais une décision de la Cour nationale du droit d’asile (CNDA), son ultime recours.

"Retourner en Syrie ? Ce serait du suicide. Si je n’étais pas parti, je pense que je ne serais plus en vie. J’attends maintenant l’ultime décision de la Cour nationale du droit d’asile, qui déterminera si je dois quitter le territoire. Sans travail pour le moment, je survis avec l’allocation pour demandeur d’asile comme unique ressource.

Nabil*, 38 ans, Syrien, vit à La Rochelle, mais demeure habité par l’angoisse. En septembre 2024, sa demande d’asile a été rejetée par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). Il a fait appel de cette décision devant la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Cette dernière peut lui accorder une protection ou le débouter définitivement de l’asile.

Et cela fait 13 ans que je me bats pour vivre en Europe. J’ai fait trois demandes de visa pour la France entre 2012 et 2015 : visa touristique, visa étudiant pour l’Alliance française ou l’université d’Orléans. Toutes ont été refusées.

L’ambassade française en Syrie ayant fermé le 6 mars 2012, les Syriens comme Nabil devaient effectuer leurs démarches consulaires dans des pays voisins, notamment à Beyrouth.

Puis en 2017, j’ai obtenu une bourse pour une école d’art au Danemark, mais là encore, pas de visa. En 2022, j’ai enfin obtenu un visa étudiant en Hongrie pour un master de littérature française. 

Mais ma vie en Europe s’est assombri quelques mois à peine après mon arrivée. Le séisme du 6 février 2023 a gravement endommagé le domicile familial, à Tartous. Mes parents n’ont plus été en mesure de financer mon master. 

Frappant notamment le nord-ouest de la Syrie et le sud-est de la Turquie, ce séisme a fait plus de 50 000 morts.

Sans argent, j’ai dû abandonner mes études. Et sans études, plus de prolongation de visa : j’ai dû quitter la Hongrie en juin 2023. Direction Paris, puis Poitiers, où j’ai effectué ma première demande d’asile, en août 2023.

"Ma vie dépendait intégralement du processus de demande d’asile" "Retourner en Syrie ? Ce serait du suicide. Si je n’étais pas parti, je pense que je ne serais plus en vie. J’attends maintenant l’ultime décision de la Cour nationale du droit d’asile, qui déterminera si je dois quitter le territoire. Sans travail pour le moment, je survis avec l’allocation pour demandeur d’asile comme unique ressource.

Nabil*, 38 ans, Syrien, vit à La Rochelle, mais demeure habité par l’angoisse. En septembre 2024, sa demande d’asile a été rejetée par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra). Il a fait appel de cette décision devant la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Cette dernière peut lui accorder une protection ou le débouter définitivement de l’asile.

Et cela fait 13 ans que je me bats pour vivre en Europe. J’ai fait trois demandes de visa pour la France entre 2012 et 2015 : visa touristique, visa étudiant pour l’Alliance française ou l’université d’Orléans. Toutes ont été refusées.

L’ambassade française en Syrie ayant fermé le 6 mars 2012, les Syriens comme Nabil devaient effectuer leurs démarches consulaires dans des pays voisins, notamment à Beyrouth.

Puis en 2017, j’ai obtenu une bourse pour une école d’art au Danemark, mais là encore, pas de visa. En 2022, j’ai enfin obtenu un visa étudiant en Hongrie pour un master de littérature française. 

Mais ma vie en Europe s’est assombri quelques mois à peine après mon arrivée. Le séisme du 6 février 2023 a gravement endommagé le domicile familial, à Tartous. Mes parents n’ont plus été en mesure de financer mon master. 

Frappant notamment le nord-ouest de la Syrie et le sud-est de la Turquie, ce séisme a fait plus de 50 000 morts.

Sans argent, j’ai dû abandonner mes études. Et sans études, plus de prolongation de visa : j’ai dû quitter la Hongrie en juin 2023. Direction Paris, puis Poitiers, où j’ai effectué ma première demande d’asile, en août 2023.

"Ma vie dépendait intégralement du processus de demande d’asile" (...)

En juin 2024, les autorités néerlandaises m’ont expulsé vers la France. Je me suis alors représenté à Poitiers pour une nouvelle procédure. Cette fois, j’ai obtenu le récépissé sur lequel il était écrit ’première demande d’asile’.

Le 16 septembre, j’ai eu mon entretien à l’Ofpra. J’ai été surpris de leur insistance sur mon appartenance religieuse. Athée, je leur ai expliqué que je ne m’identifiais pas à une communauté. (...)

Depuis la chute du régime, les alaouites "risquent la mort en Syrie"

Pourtant, depuis l’arrivée au pouvoir des autorités de transition, les personnes identifiées comme alaouites risquent la mort en Syrie. A Tartous, Ma mère ne sort plus de chez elle : elle craint d’être enlevée."

Depuis la chute d’Assad, les kidnappings de femmes, notamment alaouites, se multiplient selon plusieurs sources locales. Une activiste syrienne rencontrée par France 24 évoque deux à trois disparitions quotidiennes.

Ma famille m’exhorte à ne jamais revenir. A Banias, Nawar, cousine de ma mère, a été menacée de mort le 7 mars. Son fils, Firas, a dû se cacher dans le grenier d’une amie sunnite quelques jours. Dans la même ville, au même moment, une famille que je côtoie depuis mon enfance a été massacrée.

C’était celle d’Ahmad Harfoush. Sept morts, dont un bébé de trois ans. (...)

Aujourd’hui, je crains la mort dans mon pays, cette fois du fait de mon origine confessionnelle… Pourtant, je n’ai toujours pas obtenu l’asile en France. Une question m’obsède : ‘Pourquoi’ ?"

L’avenir de Nabil reste incertain si son recours à la CNDA est rejeté : la préfecture pourrait alors prononcer une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Pour l’heure néanmoins, la France n’expulse pas de Syriens vers la Syrie.

Contacté début avril par InfoMigrants, l’Ofpra indiquait en outre avoir "recommencé à statuer sur l’ensemble des demandes". Plusieurs pays européens ont adopté la même approche.