Discrète, presque mystérieuse, la bibliothérapie reste une pratique encore méconnue du grand public. Dorothée Simoncini lui donne un visage concret : après quinze ans dans la médiation culturelle, elle explore la puissance du livre comme outil de mieux-être et de lien humain. Elle accompagne seniors, jeunes ou personnes en situation de fragilité dans un travail de reconnexion à soi et aux autres par les mots et les images.
Lorsque j’énonce mon métier pour la première fois, les gens me regardent avec de grands yeux interrogatifs mais intrigués. Si nous nous en tenons à une définition stricte, c’est donc bien la thérapie par les livres. En effet, la bibliothérapie est synonyme de découverte, de révélation, de libération. De plus, elle prend une coloration différente en fonction de chaque professionnel qui choisit de diriger sa pratique vers des séances individuelles ou collectives ou encore vers des publics spécifiques.
Pour ma part, c’est essentiellement vers les groupes que mon activité se tourne. Après 15 années en tant que médiatrice culturelle, j’ai décidé de me lancer dans l’aventure de ce que je nommais au départ « service à la personne culturel » auprès des publics fragilisés (Séniors, personnes en situation de handicap, jeunes en perte de repères et de confiance). Il me semblait que ce pan « culturel » manquait dans l’accompagnement à la personne en se basant uniquement sur le soin, bien évidemment indispensable au bien-être, mais qu’en était-il du « prendre soin » ? (...)
Depuis 2018 mon objectif est de « créer du lien et du mieux-être par les livres et les mots ». Les séances collectives sont des espaces de convivialité et de bienveillance où la parole se libère. Tous les sens sont mis en éveil grâce aux mots, leur assemblage et musicalité mais aussi aux images. (...)
Chaque séance est l’opportunité de tisser un fil conducteur et d’ouvrir un dialogue entre des ouvrages variés par la langue et les formes. (...)
Chaque parole autour de cet objet magique apporte une nouvelle façon d’envisager le monde et d’abreuver l’imaginaire en laissant place à ses ressentis. Chaque ressenti aide à découvrir ce qui nous ressemble et nous rassemble. (...)
La bibliothérapie est un véritable miroir que l’on tend et qui permet de se révéler à soi-même mais aussi à l’autre. C’est une réelle expérience de l’altérité. Le temps d’un atelier, chacun partage, véhicule des émotions, des pensées, des souvenirs et quelles meilleures compagnes que ces pages encrées pour se nourrir, voyager, stimuler, respirer ?
À l’heure où les informations ou pseudo-informations s’enchainent par boucle de 24h, la bibliothérapie est une façon de prendre le temps, de lâcher-prise, de s’ancrer, de nouer le dialogue, d’être transporté par ses émotions et de redonner un sens aux mots et au monde qui nous entoure.