Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Blast
La Gen Z, une génération mondiale en révolte ?
#generationZ #revoltes
Article mis en ligne le 8 octobre 2025
dernière modification le 6 octobre 2025

Née avec le numérique, la Génération Z descend dans les rues de Katmandou, Lima ou Antananarivo. Reliés en temps réel, des milliers de jeunes refusent ainsi le statu quo et esquissent une politique transfrontalière, affranchie des hiérarchies. Ces révoltes, éclatées mais interconnectées, dénoncent la rupture d’un contrat social et la volonté de préserver un avenir espéré encore vivable.

La santé et l’éducation au Maroc, l’interdiction brutale de 26 réseaux sociaux au Népal, les coupures d’eau et d’électricité à Madagascar, l’avenir incertain, partout. Depuis plusieurs mois, les jeunesses des quatres coins du monde se mobilisent pour porter des mouvements contestataires endogènes, libres et autonomes, qui trouvent leur souffle dans les réseaux sociaux. (...)

Partout, la Génération Z impulse ces mouvements.

Née entre la fin des années 1990 et le début des années 2010, façonnée par internet, elle représente aujourd’hui environ un quart de population mondiale, selon les données de la Banque mondiale. La chercheuse en sciences de gestion Élodie Gentina la décrit comme « connectée, agile et porteuse d’une nouvelle vision du monde ». Mais la notion de « Gen Z » fait aussi l’objet de controverses sociales et scientifiques, certains craignant qu’elle ne devienne « un concept fourre-tout ou une expression incantatoire à caractère idéologique ou mercatique » .

Une génération pour laquelle le contrat social semble rompu (...)

Pour Cécile Van de Velde, ces luttes incarnent un refus générationnel singulier : « Comparativement aux autres mouvements, ce refus ne vise pas à “renouveler“ un système démocratique à bout de souffle, mais à “sauver“ la démocratie représentative contre ce qui la menace, et à sauvegarder collectivement un avenir décent. » Les luttes de cette génération se présentent aussi comme un refus d’un héritage trop lourd à porter pour les « générations futures ».

Autre source de frustration : le regard des générations précédentes. (...)

Une contestation sans leaders

À Madagascar comme ailleurs, le mouvement s’organise sans hiérarchie, sans chefs, né des réseaux sociaux. « Les modes de protestation de ces jeunes rappellent le style “be water“ [“Soyez comme l’eau“], popularisé lors des mobilisations de Hong Kong en 2019 », analysait récemment le quotidien indonésien Kompat. À Madagascar, lorsque des pilleurs s’en sont pris aux commerçants, les jeunes étudiants se sont mobilisés le lendemain pour remettre de l’ordre.

Cette jeunesse redéfinit les contours de l’opposition politique, en dehors des partis, syndicats et ONG, estime auprès de Blast Pascale Dufour, professeure titulaire de science politique à l’Université de Montréal, spécialiste des mouvements sociaux. « La génération Z (autoproclamée) crée une offre politique qui n’existe pas et avec laquelle elle est en accord », explique-t-elle. « Je crois que cette jeunesse va faire naître une nouvelle forme de politique. Parce que la politique, on ne peut pas la fuir, on la vit tous les jours et il faudrait s’en réemparer », témoigne auprès de Blast un habitant d’Antananarivo, la capitale malgache, qui souhaite garder l’anonymat.

Une lutte transfrontalière

Ces mouvements « refondent la vie politique dans leur société et tissent des liens de solidarité transnationaux », souligne Pascale Dufour. Le fait que ces mouvements se déroulent dans plusieurs sociétés n’est pas nouveau (pensons aux printemps arabes de 2011), mais le laps de temps entre les mobilisations dans différents endroits est plus court, ajoute la sociologue.

Le quotidien indonésien Kompat parle, pour les mouvements de ces dernières semaines, d’un « schéma interconnecté, avec une résonance transnationale, affranchie des frontières, du nationalisme et des clivages culturels ». « La Gen Z se vit comme une communauté mondiale, soudée par les mêmes combats », continue l’article. Chacun semble puiser dans les expériences des mouvements étrangers afin de les adapter à sa propre réalité, donnant ainsi naissance à un soutien transfrontalier quasi-immédiat. (...)