Qui a dit qu’Internet reposait sur des flux immatériels d’information ? Il semble bien au contraire exister une matérialité des réseaux numériques qui n’ont rien de "virtuel". L
a société de l’information exige ses infrastructures, ses serveurs, ses ordinateurs, ses téléphones portables, ses satellites... et surtout ses câbles qui en sont les artères principales. Le centre de recherche américain Telegeography publie chaque année une nouvelle carte des câbles sous-marins dans le monde (voir les cartes 2014, 2015, 2016 et 2017). En 2018, le site recense 428 câbles sous-marins, soit une longueur totale atteignant plus d’1,1 million de kilomètres. Véritable ossature matérielle d’Internet, les câbles sous-marins sont devenus un enjeu majeur de la mondialisation de l’information.
Nous proposons d’étudier cette question à partir de cartes et d’animations selon 3 grilles de lecture :
- une grille géohistorique montrant le développement rapide des réseaux de communication depuis un siècle : une approche de la mondialisation de l’information vue du fond des océans ;
- une grille géoéconomique permettant de dégager les enjeux économiques et financiers, notamment à travers les formes de concurrence acharnée mais aussi les alliances nécessaires entre pays et entre opérateurs ;
- une grille géopolitique en lien avec la vulnérabilité du système câblier sous-marin, la question de la surveillance et la cyberguerre de l’information.
Commençons par cette vidéo d’accroche extraite du Journal de 20h diffusée par la chaîne de télévision France 2 le 5 juillet 2016. Elle rappelle que les câbles sous-marins assurent 99% des flux mondiaux d’information et que la compétition entre les pays est acharnée, la France étant bien placée dans ce domaine. Il s’agit d’installer chaque année des milliers de kilomètres de câbles en fibre optique qui constituent désormais les véritables artères de l’Internet mondial. (...)