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Que se passe-t-il lorsque l’hôpital devient privé ?
#hopitalpublic #hopitalprive
Article mis en ligne le 14 octobre 2025
dernière modification le 12 octobre 2025

Une étude publiée dans la revue Annals of Internal Medicine met en lumière les risques potentiels d’un modèle de soins de santé à but lucratif.

En examinant une cinquantaine d’hôpitaux américains rachetés par des fonds de capital-investissement et en comparant les performances des services d’urgences (SU) et unités de soins intensifs (USI) avant et après le rachat, les auteurs ont constaté une détérioration des résultats pour les patients : les décès aux urgences ont augmenté, tout comme les transferts de patients admis aux urgences et aux soins intensifs, en moyenne plus gravement malades, vers d’autres établissements de soins aigus et, dans le même temps, la durée des séjours en soins intensifs a été raccourcie. Les chercheurs attribuent la détérioration supposée de la capacité de prise en charge des patients critiques à la réduction avérée des ressources mises à la disposition de ces services à la suite de l’acquisition.

Moins de personnel, salaires plus bas

Cette étude est le fruit d’une collaboration entre la Harvard Medical School, l’université de Pittsburgh et l’université de Chicago. Quarante-neuf hôpitaux rachetés par des fonds de capital-investissement entre 2010 et 2017 ont été identifiés et les données relatives à la période (jusqu’à 3 ans) précédant et suivant (jusqu’à 3 ans) le rachat ont été analysées. Les chercheurs ont délibérément choisi de ne pas inclure la période de la pandémie de COVID-19. Pour chaque hôpital de capital-investissement, jusqu’à 8 hôpitaux acquis la même année, mais non par des fonds de capital-investissement, ont été sélectionnés (contrôles, 293 au total). Les changements dans les effectifs, les salaires et les résultats des patients Medicare ont été examinés, avec un accent particulier sur les services d’urgence et de soins intensifs, que les auteurs considèrent comme particulièrement sensibles aux variations de personnel, généralement très nombreux, et « très importants pour les finances des hôpitaux ». (...)

À l’échelle de l’ensemble de l’hôpital, il y a eu une réduction moyenne de 11,6 % des employés à temps plein et de 16,6 % des dépenses salariales. Après l’acquisition, dans les hôpitaux de capital-investissement, par rapport aux contrôles, 7 décès supplémentaires pour 10 000 visites (+13,4 %, variation statistiquement significative) ont été enregistrés parmi les patients des services d’urgence, même si la mortalité est restée faible ; la mortalité en soins intensifs n’a pas connu de variation substantielle. Une augmentation de 4,2 % et 10,6 % respectivement a été enregistrée pour les patients transférés des services d’urgence et des soins intensifs vers d’autres hôpitaux de soins aigus. (...)

Ressources et efficacité

« Ces données cliniques viennent s’ajouter à des recherches antérieures menées auprès de patients hospitalisés bénéficiant de l’assurance Medicare, qui ont révélé une augmentation des événements indésirables et une détérioration de l’expérience des patients après le rachat par des fonds de capital-investissement », commentent les auteurs. « L’efficacité est souvent invoquée pour justifier la réduction des coûts. Cependant, les soins hospitaliers sont une activité à forte intensité de main-d’œuvre, avec des politiques strictes qui régissent le personnel dans divers contextes. Nos résultats confirment la crainte que les réductions de personnel puissent, en moyenne, compromettre la capacité d’un hôpital à fournir des soins, plutôt que de permettre de fournir les mêmes soins de manière plus efficace », concluent-ils.