
Une affaire d’agression sexuelle impliquant un demandeur d’asile a mis le feu aux poudres au Royaume-Uni. Depuis deux semaines, des manifestations parfois violentes se multiplient devant les hôtels hébergeant des exilés, attisées par des groupes d’extrême droite. En réponse, des manifestants antiracistes se dressent face à eux. Au milieu, les autorités redoutent une flambée de violences comparable aux émeutes de l’été 2024.
(...) Tout débute il y a deux semaines. Dans le nord de Londres, un homme d’une trentaine d’année est mis en examen pour agression sexuelle. Arrivé clandestinement au Royaume-Uni pour y demander l’asile, il résidait dans un hôtel de la ville d’Epping.
Une contestation nourrie par les coûts et la xénophobie
Dans les heures qui ont suivi, des militants ont encerclé l’établissement pour réclamer la fin de l’hébergement des migrants. Depuis, les manifestations se sont multipliées, devenant plus violentes, avec l’implication de groupes d’extrême droite et néonazis. D’autres hôtels ont été visés dans plusieurs régions du pays, poussant la police à imposer des restrictions à certains endroits.
Les revendications des manifestants se concentrent sur la fin de l’accueil des demandeurs d’asile. Une fois entrés dans le système, ces derniers sont logés par les autorités, le plus souvent dans des hôtels, où ils peuvent rester plusieurs mois, voire plusieurs années. Ce dispositif a un coût : environ 10 millions d’euros par jour pour l’État, selon les autorités. C’est ce chiffre que dénoncent les manifestants, qui ciblent les hôtels comme symbole de cette politique.
Mais au-delà de l’aspect budgétaire, ces rassemblements portent aussi une charge xénophobe, nationaliste et islamophobe. Sur le terrain, de nombreux participants réclament explicitement l’expulsion des demandeurs d’asile, qu’ils accusent – sans preuve – d’être responsables d’une hausse de l’insécurité et d’une perte de l’identité nationale.
Des autorités sur leurs gardes
Ces mobilisations inquiètent les autorités britanniques. Elles rappellent les émeutes de l’été 2024, survenues après un triple meurtre commis par un jeune Britannique. Dans un premier temps, des rumeurs infondées l’avaient présenté comme un demandeur d’asile, déclenchant plusieurs semaines de violences urbaines, d’affrontements avec les forces de l’ordre, et une explosion des discours racistes. À ce jour, les tribunaux n’ont pas encore jugé tous les individus arrêtés à cette époque.
Cette fois, les autorités veulent éviter l’escalade. Sur le terrain, la police agit avec précaution, escortant ou exfiltrant les contre-manifestants antiracistes pour tenter d’apaiser les tensions. Mais cette attitude suscite des critiques : certains y voient une stratégie visant à affaiblir la mobilisation anti-migrants.
À l’échelle locale, plusieurs conseils municipaux demandent désormais la fermeture des hôtels visés, invoquant la préservation de la cohésion sociale. (...)