
Rahim*, un jeune Bangladais de 17 ans, a vécu un véritable enfer en Libye, marqué par la torture et les détentions visant à obtenir des rançons. Aujourd’hui hébergé dans un centre géré par des religieuses en Sicile, il a confié son histoire à InfoMigrants.
(...) "En Libye, nous avons passé 14 mois horribles. Durant cette période, nous avons changé trois fois de lieu de détention, passant de Tripoli à Sabratha, puis finalement à Zouara. Les trafiquants libyens se sont mis d’accord avec la mafia bangladaise pour nous déplacer d’un endroit à l’autre".
Du Bangladesh à la Libye en avion (...)
"Ils nous ont demandé le numéro de téléphone de nos familles et ont passé des appels vidéo pour leur demander de l’argent pendant qu’ils nous frappaient. Ils ont demandé environ mille euros qu’il fallait payer dans les sept jours. Ma famille n’avait pas d’argent, alors ils m’ont frappé et m’ont arraché un ongle, puis j’ai perdu connaissance. Je ne me souviens plus de ce qui s’est passé ensuite". (...)
Rahim nous montre le doigt de sa main droite où les marques de torture sont toujours visibles. "Ils nous ont frappés tous les jours pendant six mois. Ils faisaient ça à 3 heures du matin, au milieu de la nuit, ce qui correspond à 7 heures du matin au Bangladesh. De cette façon, ils s’assuraient que nos familles puissent nous voir en direct pendant qu’ils leur demandaient de l’argent", explique Rahim.
"Aider mon père et mes frères"
Dans son village de Kalikapur, il a laissé derrière lui son père malade et ses deux jeunes frères. Sa mère est décédée. "J’ai donné le numéro de ma tante au trafiquant, car je ne voulais pas que mon père voie ces choses. Ma famille est pauvre et mon seul but est d’aider mon père et mes frères à avoir une vie meilleure, je veux prendre soin d’eux", confie-t-il. (...)
"Je n’aurais jamais imaginé être soumis à un traitement aussi inhumain en Libye [...] Tout le monde devrait savoir ce qui arrive aux Bangladais en Libye. Je ne comprends toujours pas comment des êtres humains peuvent commettre de telles atrocités contre d’autres humains". (...)
Selon les données du gouvernement, depuis le début de l’année, les migrants bangladais constituent le plus grand groupe à avoir rejoint les côtes italiennes à bord de petites embarcations. Au 29 juillet, 11 693 ressortissants bangladais étaient ainsi arrivés en Italie, sur un total de 36 545 arrivées depuis le 1er janvier. Viennent après les ressortissants érythréens et égyptiens, avec respectivement près de 5 000 et 4 300 arrivées depuis le début de l’année.