Après les plateaux télé et les librairies, le bashing anti-LFI s’invite au sein des commissions parlementaires. Initiée par Laurent Wauquiez et le groupe Droite Républicaine, la commission consacrée aux « les liens existants entre les représentants de mouvements politiques et des organisations et réseaux soutenant l’action terroriste ou propageant l’idéologie islamiste » a ouvert ses travaux le 7 octobre.
Dès le départ, l’objectif était explicite : jeter l’anathème sur La France insoumise en l’accusant notamment de comploter avec des forces occultes qui s’activeraient dans l’ombre à « saper les fondements de la République ». Approximations, accusations calomnieuses : la droite et l’extrême droite s’en donnent à cœur joie, avec le soutien de la Macronie. Compte rendu pestilentiel. (...)
Le 3 juin, la création de la commission d’enquête était retoquée par la commission des lois qui avait jugé irrecevable le texte produit par les députés de droite. Celui-ci comportait des références explicites à La France insoumise. Le député écologiste de Paris Pouria Amirshahi avait à cette occasion dénoncé une « vendetta politique » de la part des élus LR. Quelques jours plus tard, le groupe soumettait une nouvelle version expurgée des mentions relatives à LFI, cette fois-ci validée. (...)
Après diverses tractations, le député LR de l’Ain Xavier Breton, également secrétaire de l’Assemblée nationale, est nommé président de la commission et le poste de rapporteur revient quant à lui au député ciottiste du Doubs Matthieu Bloch, élu en 2022 sous l’étiquette LR avant de suivre Éric Ciotti dans son alliance avec le RN en 2024.
Dans un communiqué publié le 21 octobre, les élus insoumis évoquent une « inquisition trumpiste » ainsi qu’une « mascarade anti-parlementaire », Aymeric Caron dénonçant quant à lui une « alliance politique infâme ». Le groupe en a par ailleurs appelé à la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et au président de la commission des lois Florent Boudié. Une requête restée lettre morte.
Autant dire que les travaux de cette commission ne commençaient pas sous les meilleurs auspices.
(...) Au total, et ce malgré les deux dernières auditions évoquées, la composition du bureau de la commission, le choix des invités, parmi lesquels on compte aussi Jules Laurans, rédacteur en chef et responsable du « pôle enquête » du média d’extrême droite Frontières, entendu le 5 novembre, et le type de questions posées interrogent sur la banalisation voire la légitimation par une commission d’enquête parlementaire des lubies de l’extrême droite. Et l’on peut dès lors craindre que les conclusions du rapport servent de carburant, au sein du système politico-médiatique, à ceux qui mènent l’offensive contre La France Insoumise, et qu’elles contribuent en parallèle à une criminalisation toujours plus poussée du mouvement de solidarité avec la Palestine.
« On est quand même dans un climat où il n’y a absolument aucun recul et aucune nuance qui soit apportée. Moi, ce qui m’inquiète surtout, c’est ce que ça nourrit comme peurs et fantasmes auprès de certains électeurs qui finissent par adhérer à cette propagande contre LFI et contre les musulmans en France. Je trouve cela extrêmement dangereux » nous a à ce titre confié la députée Rima Hassan.
Les auditions se poursuivent, remise du rapport prévue courant décembre.
