
Le gouvernement a présenté une nouvelle version de la loi immigration, ce mercredi. La dernière mouture, adoptée par le Parlement portugais mi-juillet avait été partiellement retoquée par la Cour constitutionnelle concernant notamment le regroupement familial. Le nouveau texte maintient un délai minimum de deux ans de résidence légale avant de pouvoir demander un regroupement avec sa famille.
"Ceci n’est pas la loi initiale que nous avions proposée, mais elle poursuit l’objectif de réguler l’immigration de façon humaniste", a déclaré en conférence de presse le ministre porte-parole du gouvernement, Antonio Leitao Amaro, en estimant que cette réforme était "urgente, nécessaire et importante". "Il faut des règles et un contrôle. C’est important pour le Portugal, pour les Portugais, mais aussi pour que les citoyens étrangers et les immigrants soient accueillis dignement".
La disposition réservant les visas de recherche d’emploi aux travailleurs hautement qualifiés est maintenue, ainsi que celle qui met fin à la possibilité pour les Brésiliens, le plus important contingent immigré, de régulariser leur situation après leur arrivée au Portugal avec un visa touristique.
La réforme votée en juillet prévoyait également la création d’une nouvelle unité au sein de la police nationale, chargée de lutter contre l’immigration illégale et d’organiser les expulsions.
En revanche, un troisième volet du paquet législatif portant sur les conditions d’accès à la nationalité portugaise, reste en discussion. (...)
Arrivé au pouvoir en avril 2024, le gouvernement de droite modérée de Luis Montenegro a décidé de durcir la politique migratoire. L’an dernier, l’exécutif avait déjà abrogé une disposition qui permettait à tous les immigrés de demander à être régularisés en démontrant qu’ils travaillaient depuis au moins un an en cotisant pour la sécurité sociale, même s’ils étaient entrés sur le territoire portugais avec un visa touristique.
Fin 2024, le nombre d’étrangers établis au Portugal a dépassé 1,5 million d’immigrés, soit environ 15% de la population totale et près de quatre fois plus qu’en 2017.
Manifestation contre la loi immigration
La semaine dernière, près de 5 000 immigrés avaient manifesté devant le Parlement portugais, dans le centre de Lisbonne. Venant de tout le pays, ils réclamaient un traitement plus rapide des permis de résidence et dénonçaient ce nouveau projet de loi sur l’immigration.
Dans un communiqué, l’association Solidariedade Imigrante parle également d’un "climat d’intimidation contre ceux qui travaillent et contribuent à ce pays, qui sont sur le marché du travail depuis plusieurs années et dans des secteurs où le Portugal connaît plusieurs pénuries".
Au mois de mai, le gouvernement avait déjà annoncé son projet d’expulser à court terme environ 18 000 étrangers en situation irrégulière dans le pays.
Longtemps pays d’accueil, le Portugal bénéficiait d’une politique migratoire parmi les plus ouvertes d’Europe. (...)