
Après une ONG flamande, c’est au tour du Samusocial de la région bruxelloise de tirer la sonnette d’alarme. Un nombre "record" de familles à la rue sans solution a été atteint lundi 18 août. Les associations en première ligne sur l’accueil des exilés craignent les effets des nouvelles lois entrées en vigueur début août, y compris sur les profils les plus vulnérables.
Le Samusocial affirme ce mardi auprès de la RTBF avoir été contraint, par manque de place, de refuser l’accueil à 25 familles, soit près de 100 personnes, sur la seule journée de lundi. Un "record dramatique", selon le dispositif d’urgence de la région bruxelloise. "Cette situation particulièrement alarmante risque encore de s’aggraver avec l’entrée en vigueur, début août, de la loi fédérale relative au retrait de l’aide matérielle pour certains demandeurs de protection internationale", soutiennent ses équipes auprès du média belge.
Cette nouvelle politique correspond à une série de mesures restrictives entrées en vigueur début août, après avoir été votées en juillet. Entre autres mesures : depuis le 4 août, Fedasil est en effet autorisé à refuser l’asile aux demandeurs d’asile ayant déjà bénéficié d’une protection dans un autre pays européen.
"Refuser l’accueil dans le réseau des demandeurs d’asile ne fait pas disparaître ces familles", appuie Sébastien Roy, directeur général du Samusocial, auprès de la RTBF. Au quotidien, ses équipes sont "confrontées à des arbitrages impossibles, contraintes de décider quelles familles seront mises à l’abri et lesquelles devront rester à la rue", déplore-t-il. (...)
"La Belgique accueille un nombre disproportionné de personnes qui devraient se trouver dans un autre État membre, notamment du fait de notre système social favorable", a réitéré la ministre le 15 août auprès de Belga. Tout en affirmant que cela "met en péril l’ensemble du système".
Or, sur le terrain, ces profils sont très souvent des personnes qui ont déjà obtenu une protection en Grèce, explique le Conseil pour les réfugiés de Flandres. Mais qui n’ont pas pu s’y installer durablement. "Il s’agit souvent de personnes qui obtiennent rapidement une réponse positive en Grèce, mais qui n’ont accès ni au travail, ni au logement, ni à l’éducation dans ce pays. Leur situation est désespérée, les obligeant à poursuivre leur voyage en quête de sécurité", retrace le communiqué. (...)
Ces familles se retrouvent "doublement punies. D’abord, la Grèce les abandonne à leur sort, sans accès au logement, au travail et à l’avenir. Ensuite, la Belgique les jette à la rue", déplore l’ONG.
Trois enfants "effrayés, fatigués et complètement désorientés"
Hélène, membre de l’ONG, relate dans ce communiqué avoir croisé le 13 août une famille afghane avec trois enfants âgés de un à trois ans. Celle-ci "semblait complètement perdue lorsqu’elle a appris qu’il n’y avait pas d’abri disponible." Un peu plus tard, "je les ai vus dans la rue, sans savoir où aller", raconte la bénévole. "La mère essayait de tenir ses enfants à l’écart de la circulation dense sur le périphérique intérieur. Ils étaient effrayés, fatigués et complètement désorientés."
Le Conseil pour les réfugiés de Flandres appelle donc le gouvernement à reconsidérer cette mesure. (...)