
Des camions d’aide humanitaire destinés à la bande de Gaza ont traversé dimanche le terminal frontalier de Rafah depuis l’Égypte en direction du territoire palestinien, tandis que deux avions jordaniens et un appareil émirati ont largué 25 tonnes d’aide. Par ailleurs, Israël a déclaré une "pause" des combats dans certains secteurs de l’enclave assiégée pour permettre des livraisons d’aide humanitaire.
"Les forces armées jordaniennes ont effectué dimanche trois parachutages d’aide humanitaire sur la bande de Gaza, dont l’un a été mené avec les Émirats arabes unis", a déclaré l’armée dans un communiqué, en précisant que 25 tonnes d’aide avaient été larguées.
Plus tôt, des camions d’aide humanitaire ont traversé le terminal frontalier de Rafah depuis l’Égypte en direction de la bande de Gaza. (...)
Toutefois, les camions n’entrent pas directement via le côté palestinien du terminal, endommagé et fermé en raison de la guerre. Ils parcourent ensuite quelques kilomètres jusqu’au point de passage israélien de Kerem Shalom, où ils devraient être soumis à une inspection avant de pénétrer dans la zone de Rafah, du côté palestinien. (...)
Certains camions arboraient le logo du Croissant-Rouge égyptien et d’autres portaient le drapeau des Émirats arabes unis, accompagné de l’inscription : "Émirats arabes unis - Aide humanitaire à Gaza - Projets de soutien à l’approvisionnement en eau à Gaza."
Un média proche des autorités égyptiennes, Al-Qahera News, a indiqué que "les camions d’aide humanitaire en provenance d’Égypte sont arrivés au point de passage de Kerem Shalom." (...)
"Annonce bienvenue de pauses humanitaires"
À Beit Lahia, dans le nord de Gaza, des images tournées par l’AFP ont montré des foules de Palestiniens marchant dans le sable au milieu des ruines, portant sur le dos des sacs de farine qu’ils venaient de récupérer au poste-frontière de Zikim. (...)
Le chef des opérations humanitaires de l’ONU Tom Fletcher a salué l’annonce par Israël de l’ouverture de routes terrestres sécurisées vers Gaza pour les convois humanitaires et a déclaré que l’ONU tenterait d’atteindre autant de personnes que possible. (...)
"C’est une étape bienvenue, mais nous devons voir des progrès réels sur le terrain", a déclaré à l’AFP Bushra Khalidi, une responsable de l’ONG Oxfam, en soulignant la nécessité "d’un flux d’aide constant et à grande échelle" et d’un "cessez-le-feu permanent".
"Pause tactique" quotidienne dans plusieurs secteurs
Par ailleurs, l’armée israélienne a déclaré qu’elle observerait "une pause tactique" quotidienne à des fins humanitaires dans plusieurs zones du territoire palestinien, et la mise en place de couloirs humanitaires.
"La pause sera observée de 10 h à 20 h (7 h à 17 h GMT) à partir d’aujourd’hui (dimanche)", à commencer par les zones de Deir al-Balah, al-Mawasi et la ville de Gaza où il n’y a "pas d’opérations militaires", indique l’armée dans un communiqué.
Des "couloirs permanents" seront mis en place "de 6 h à 23 h (3 h à 20 h GMT) pour permettre le passage en toute sécurité des convois de l’ONU et des organisations d’aide humanitaire qui livrent et distribuent de la nourriture et des médicaments à la population de la bande de Gaza", ajoute-t-elle. (...)
"Sept lots d’aide contenant de la farine, du sucre et des conserves"
Israël a aussi parachuté de l’aide humanitaire sur Gaza dimanche. Ce parachutage a été "mené en coordination avec des organisations internationales et dirigé par le Cogat (un organisme du ministère israélien de la Défense, NDLR)", a indiqué l’armée israélienne dans un communiqué diffusé dans la nuit de samedi à dimanche sur Telegram, précisant qu’il était constitué de "sept lots d’aide contenant de la farine, du sucre et des conserves".
Le Premier ministre israélien a demandé dimanche à l’ONU de cesser de blâmer son gouvernement pour la situation humanitaire à Gaza après que l’armée a annoncé qu’elle allait faciliter le passage de l’aide humanitaire vers le territoire palestinien. (...)
Plus tôt, le chancelier allemand Friedrich Merz a eu un entretien téléphonique avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, l’appelant à fournir "de toute urgence" une aide humanitaire "à la population civile affamée de Gaza", ont indiqué ses services.
Cette aide "doit atteindre la population civile rapidement, en toute sécurité et en quantité nécessaire", précise un communiqué.
Friedrich Merz a exprimé au Premier ministre israélien sa "vive inquiétude" face à la situation humanitaire "catastrophique" à Gaza, ajoute le communiqué. Il s’agit du deuxième appel entre les deux chefs de gouvernement en dix jours. (...)
Vendredi, Berlin, Londres et Paris avaient appelé dans un communiqué commun le gouvernement israélien à lever les restrictions sur l’acheminement de l’aide pour permettre à l’ONU et aux ONG humanitaires de mener à bien leur travail pour lutter contre "la famine".
La Défense civile de Gaza a annoncé dimanche que 27 personnes avaient été tuées dans le territoire, pour la plupart avant l’annonce d’une pause des combats. (...)
L’ONU et des ONG s’alarment d’une flambée de la malnutrition infantile et d’un risque de famine généralisée parmi ses plus de deux millions d’habitants.
Les taux de malnutrition dans la bande de Gaza atteignent "des niveaux alarmants", a prévenu dimanche l’Organisation mondiale de la santé (OMS), estimant que le "blocage délibéré" de l’aide humanitaire avait coûté la vie à de nombreux habitants.
"La malnutrition suit une trajectoire dangereuse dans la bande de Gaza, marquée par un pic de décès en juillet", a déclaré l’OMS dans un communiqué. "La plupart de ces personnes ont été déclarées mortes à leur arrivée dans des établissements de soins ou sont décédées peu après, leurs corps montrant des signes clairs d’amaigrissement sévère".
Sur les 74 décès liés à la malnutrition recensés depuis le début de l’année, 63 ont eu lieu en juillet, dont 24 enfants de moins de cinq ans, un enfant de plus de cinq ans, et 38 adultes, a précisé l’organisme onusien.
"La plupart de ces personnes ont été déclarées mortes à leur arrivée dans des établissements de soins ou sont décédées peu après, leurs corps montrant des signes clairs d’amaigrissement sévère". (...)
"Les largages aériens ne mettront pas fin à la famine qui s’aggrave"
Cette méthode, déjà mise en œuvre en 2024 notamment par les Émirats arabes unis, la Jordanie et la France, avait été décriée par nombre de responsables humanitaires, qui l’avaient jugée dangereuse et de portée limitée, soulignant qu’elle ne pouvait se substituer à la voie terrestre. (...)
Samedi, le Royaume-Uni a annoncé se préparer à larguer de l’aide et à évacuer des "enfants ayant besoin d’une assistance médicale", en collaboration avec "des partenaires tels que la Jordanie". Les Émirats ont, quant à eux, déclaré qu’ils reprenaient "immédiatement" les parachutages.
Le chef de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, a estimé samedi que la reprise des parachutages constituait une réponse "inefficace" à la catastrophe humanitaire en cours.
"Les largages aériens ne mettront pas fin à la famine qui s’aggrave. Ils sont coûteux, inefficaces et peuvent même tuer des civils affamés", a-t-il déclaré.
Amnesty International
Pétition Génocide à Gaza : la France doit mettre fin à l’impunité d’Israël !