
Dédaignant les risques que des personnes encourent pour leur vie ou leur intégrité physique en cas de retour dans leur pays d’origine, l’administration française met tout en œuvre pour les y expulser. Pour ce faire, elle ferme les yeux sur leur histoire, leur parcours, la situation dudit pays.
Des personnes afghanes, soudanaises, haïtiennes, syriennes, russes, palestiniennes, ukrainiennes (entre autres) sont enfermées en rétention et menacées d’expulsion vers le pays qu’elles ont fui en violation des normes en matière de droits humains.
Ainsi, en 2024, la France a expulsé quatre personnes afghanes, quatre personnes iraniennes, trois somaliennes et deux soudanaises. Depuis 2024, plus de 500 personnes haïtiennes ont été enfermées en rétention et quelques-unes expulsées, malgré la guerre civile en Haïti qui dure depuis plusieurs années. Depuis le début de l’année, 7 personnes enfermées dans les centres de rétention administrative (CRA) dans lesquelles La Cimade intervient, ont été expulsées vers ce pays en guerre. Et ce, alors même que le rapporteur sur les Droits humains de l’ONU décrit la situation comme étant « l’enfer sur terre » et le ministère des affaires étrangères française reconnaît une situation alarmante .
De la même manière, niant les risques en cas d’expulsion, les préfectures enferment des personnes originaires d’Afghanistan. Alors que le pays est aux mains des talibans et connait une situation extrêmement alarmante au plan des droits humains, la France est en discussion avec les autorités consulaires d’un régime non-reconnu. Plusieurs personnes ont ainsi été expulsées ou risquent de l’être vers ce pays.
Ces expulsions sont contraires au droit, interne comme international, qui érige la vie et la dignité de la personne humaine comme un droit fondamental indérogeable. Malgré cela en 2025, les préfectures continuent d’enfermer des personnes craignant pour leur sécurité et leur intégrité physique en cas d’expulsion.
A travers le lancement d’un dispositif de communication et de sensibilisation du grand public sur les expulsions à risque, La Cimade alerte et dénonce la politique d’expulsion orchestrée par la France sans aucune considération pour la situation du pays et des personnes qu’elle renvoie de force.
« Le gouvernement et le Parlement doivent prendre à bras le corps la question du sort des personnes à risque de mauvais traitements en cas d’expulsion vers leur pays de nationalité. Il faut cesser cette logique criminalisation et d’expulsion à tout prix des personnes étrangères. Les droits fondamentaux doivent être replacés au cœur des politiques migratoires. » Fanélie Carrey-Conte, secrétaire générale de La Cimade
La Cimade revendique la mise en œuvre d’une politique migratoire humaine et solidaire, avec un examen juste de la situation des personnes, dans le respect du droit international, et la garantie pour toute personne de ne pas être exposée à des traitements inhumains et dégradants, ici ou ailleurs.