
Le 10 septembre, appel au blocage total contre l’austérité de Bayrou. Mobilisation virale, colère sociale… mais récupérée aussi par l’extrême droite. Faut-il participer ou laisser le terrain ?
En France, suite à la présentation du plan d’austérité budgétaire du Premier ministre François Bayrou annonçant notamment une casse sociale et la suppression d’acquis sociaux, un appel au blocage a été lancé pour le 10 septembre prochain. Cette date pourrait marquer une rentrée sociale potentiellement mouvementée pour la classe dominante. Pourtant, certains restent sceptiques face à un appel également relayé par des figures de l’extrême droite. Alors, faut-il tout bloquer, ou laisser le mouvement être récupéré par l’extrême droite comme un aveu d’impuissance ?
C’est la colère et l’incompréhension qui ont suivi les annonces du gouvernement Bayrou, proposant entre autres de supprimer deux jours fériés et d’instaurer une “année blanche” budgétaire, afin de réaliser des milliards d’économies sur le dos des plus démuni·es et des plus précaires pendant que la classe dominante, elle, continue de s’en mettre plein les poches comme jamais auparavant. Il suffit de regarder quelques chiffres pour s’en convaincre :
- Entre 2011 et 2021, les PDG des plus grandes entreprises françaises ont vu leurs rémunérations augmenter de 66 %, contre seulement 21 % pour les salarié·es, et 14 % pour le SMIC.
- L’écart entre la rémunération moyenne des salarié·es et celle des dirigeants est passé de 64 à 97 fois.
- Le patrimoine cumulé des 500 plus grandes fortunes françaises a été multiplié par neuf entre 2003 et 2023, passant d’environ 124 milliards à 1 170 milliards d’euros (+844 %).
Et pourtant, à aucun moment il n’a été question de faire contribuer les plus riches. (...)
Quant aux modes d’action proposés : blocage de l’économie, boycott des banques et de la grande distribution, refus de la consommation, organisation de grèves massives… ils sont tout sauf ceux de chemises brunes. Évidemment, il y aura des fractions d’extrême droite présentes dans le mouvement, qu’il faudra combattre sans relâche, tout autant que les fractions réformistes qui, elles, risquent d’amener le mouvement dans une impasse. Car c’est bien un horizon post-capitaliste, débarrassé des illusions de cohabitation avec le capital, qu’il nous faut faire advenir.
Agîr et construire dès maintenant
Il nous faut aujourd’hui défendre et nous approprier collectivement ce mouvement citoyen un mouvement populaire en gestation, certes traversé de contradictions, mais porteur d’un potentiel réel. (...)
Il serait toutefois réducteur de voir dans ce mouvement un simple copier-coller des Gilets jaunes, tant les contextes diffèrent. Encore faut-il, par ailleurs, que les appels au blocage soient réellement suivis par une large partie de la population, ce qui reste, à ce jour, incertain. Il existe néanmoins un terreau fertile : la violence sociale est partout palpable, et le ras-le-bol grandit. À s’en convaincre par la pétition contre la loi Duplomb qui a atteint près de deux millions de signatures, un record pour une simple pétition, il serait intéressant d’ailleurs de faire la jonction avec ce mouvement pour appuyer des revendications écologiques marquées.
Il ne faut donc pas attendre. Dès maintenant, faisons entendre nos revendications, organisons-nous, et favorisons la création d’assemblées populaires. Ces espaces capables de faire émerger un véritable contre-pouvoir à l’hégémonie des institutions capitalistes. Contre-pouvoir qu’il faudra, à terme, renforcer, structurer, puis substituer aux structures existantes pour les détruire.
En attendant, partageons massivement l’appel. Que cette mobilisation devienne une démonstration de force. Rendez-vous le 10 septembre pour les premières réponses.
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