
La colère ne retombe toujours pas dans le pays, au bout de dix mois de mobilisation, et le régime d’Aleksandar Vucic joue désormais la carte de la violence et de la criminalisation des manifestants. Ces derniers poursuivent la lutte pour des élections anticipées.
Vendredi 5 septembre, Novi Sad a été le théâtre de scènes d’une extrême violence, quand la police a chargé les manifestants qui réclamaient, encore et toujours, des élections anticipées. On compte de nombreux blessés, dont des journalistes, et la police a annoncé 42 interpellations.
Le président Vucic a évoqué un « complot contre l’État » et salué « une victoire sur les bloqueurs », avant de s’en prendre violemment à des députés européens écologistes qui se trouvaient sur les lieux, à l’invitation du Front de la gauche verte de Serbie (ZLF, opposition), assurant que les manifestants, qualifiés de « voyous », « avaient été aidés par des racailles du Parti vert européen, les pires racailles européennes venues à Novi Sad pour soutenir ces violences ».
Depuis une dizaine de jours, une étrange « guérilla » se poursuit pour le contrôle du vaste campus universitaire de la seconde ville de Serbie, capitale de la province autonome de Voïvodine. Le 1er septembre, la police, accompagnée du doyen, avait pénétré dans la faculté des sports et d’éducation physique en brisant une fenêtre du bâtiment occupé par les étudiants depuis le mois de novembre. Presque aussitôt, étudiants et citoyens se sont rassemblés devant l’entrée, où des heurts ont éclaté avec les forces de police. Finalement, les étudiants ont réussi à reprendre pied dans le bâtiment en grimpant sur un arbre.
« Pumpaj » comme cri de ralliement
Un scénario similaire s’était produit quelques jours plus tôt à la faculté de philosophie. Depuis, chaque soir, plusieurs centaines de personnes se rassemblent bruyamment devant le bâtiment qui, lui, est toujours gardé par les policiers lourdement équipés d’une « unité d’intervention ».
Plusieurs dizaines d’entre eux stationnent en permanence dans le bâtiment de béton, du meilleur style de l’architecture brutaliste yougoslave des années 1970. Mitoyenne, la faculté de droit est toujours occupée par ses étudiants, qui ont placé une énorme sono diffusant 24 heures/24 de la musique pour enfants à destination de la police. (...)
Le président Vucic a évoqué un « complot contre l’État » et salué « une victoire sur les bloqueurs », avant de s’en prendre violemment à des députés européens écologistes qui se trouvaient sur les lieux, à l’invitation du Front de la gauche verte de Serbie (ZLF, opposition), assurant que les manifestants, qualifiés de « voyous », « avaient été aidés par des racailles du Parti vert européen, les pires racailles européennes venues à Novi Sad pour soutenir ces violences ».
Depuis une dizaine de jours, une étrange « guérilla » se poursuit pour le contrôle du vaste campus universitaire de la seconde ville de Serbie, capitale de la province autonome de Voïvodine. Le 1er septembre, la police, accompagnée du doyen, avait pénétré dans la faculté des sports et d’éducation physique en brisant une fenêtre du bâtiment occupé par les étudiants depuis le mois de novembre. Presque aussitôt, étudiants et citoyens se sont rassemblés devant l’entrée, où des heurts ont éclaté avec les forces de police. Finalement, les étudiants ont réussi à reprendre pied dans le bâtiment en grimpant sur un arbre.
« Pumpaj » comme cri de ralliement
Un scénario similaire s’était produit quelques jours plus tôt à la faculté de philosophie. Depuis, chaque soir, plusieurs centaines de personnes se rassemblent bruyamment devant le bâtiment qui, lui, est toujours gardé par les policiers lourdement équipés d’une « unité d’intervention ».
Plusieurs dizaines d’entre eux stationnent en permanence dans le bâtiment de béton, du meilleur style de l’architecture brutaliste yougoslave des années 1970. Mitoyenne, la faculté de droit est toujours occupée par ses étudiants, qui ont placé une énorme sono diffusant 24 heures/24 de la musique pour enfants à destination de la police. (...)
L’organisation des examens a servi de prétexte à ce nouvel épisode de la « guérilla » pour le contrôle des facultés, le doyen de celle de philosophie refusant de les organiser dans un lieu « neutre », hors du campus occupé. Pas un ou une étudiante n’a l’intention de s’y présenter.
En quatrième année de littérature française, Danica envisage de valider son master en janvier pour « raccrocher » avec le système européen et pouvoir aller étudier à l’étranger. « Cela n’aurait pas de sens d’aller aux examens maintenant, car je n’ai pas étudié cette année, j’avais bien autre chose à faire », sourit la jeune femme, qui ne manque pas une manifestation.
« Le choix de la violence est au départ celui du régime » (...)
« Des partisans du régime, en civil mais masqués et très bien équipés, attaquent les cortèges. La police intervient en théorie pour séparer les deux camps, mais s’en prend en réalité aux opposants et procède à beaucoup d’arrestations. »
À Novi Sad, une quinzaine de personnes seraient toujours placées en détention provisoire, tandis que d’autres sont assignées à résidence. (...)
« Tout le monde admet désormais l’hypothèse de la violence, et il suffirait d’une étincelle, d’un geste pas forcément concerté, pour qu’elle se généralise. Au bout de dix mois de mobilisation, beaucoup d’étudiants et de citoyens perdent patience et ne cachent pas qu’ils ont envie d’en découdre. »
« Le choix de la violence est au départ celui du régime », nuance le journaliste. « Vucic est prêt à jouer un scénario de quasi-guerre civile pour se poser en pacificateur, en ultime rempart face au chaos, non seulement en direction de la communauté internationale, mais aussi de la frange de l’opinion serbe qui resterait incertaine et divisée et aurait peur de la violence. (...)
Samedi, des rassemblements contre la violence policière ont eu lieu dans des dizaines de villes de Serbie et une nouvelle manifestation est prévue ce lundi à Belgrade, tandis que les étudiants se préparent à entamer une seconde année d’occupation de leurs facultés, tant qu’Aleksandar Vucic ne se décide pas à convoquer des élections législatives anticipées.