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Rachel, six mois ferme et la lutte climat comme une « nécessité »
#urgenceclimatique #actionNonViolente #repression
Article mis en ligne le 8 octobre 2025
dernière modification le 5 octobre 2025

« Je n’ai jamais vu ça », dit son avocate. Rachel, 23 ans, a été condamnée à 6 mois de prison ferme pour avoir aspergé l’hôtel Matignon de peinture à l’eau. La militante du collectif Dernière rénovation va faire appel.

(...) « Je n’ai pas envie d’être déprimante et que les gens en tirent la conclusion qu’il ne faut pas militer. Ce qui m’arrive montre plus que jamais la nécessité de le faire », dit l’activiste de sa voix grave. Le 8 novembre 2023, elle avait mené cette action dans le cadre de la campagne de feu le collectif Dernière rénovation (DR), lequel réclamait des mesures ambitieuses concernant la rénovation énergétique des bâtiments.

Cela n’avait duré que quelques secondes : plusieurs militaires avaient rapidement plaqué au sol Rachel et sa camarade Manon, qui a elle-même écopé de huit mois de prison avec sursis. S’en étaient suivies quarante-huit heures de garde à vue puis un déferrement au tribunal.
Blocages de routes, collages au musée d’Orsay

Rachel, habituée des procès pour ses actions non-violentes de « résistance civile » — blocages de routes, collage sur la vitre d’un tableau de Monet au musée d’Orsay… —, garde en tout cas un souvenir sidéré de l’audience du 23 septembre : « Les juges n’étaient pas du tout à l’écoute de nos arguments sur la crise climatique et démocratique en France, de pourquoi nous avions décidé d’entrer en résistance civile… C’était très violent. »

La militante a été condamnée pour dégradation de bien classé en réunion avec violences volontaires sur personnes dépositaires de l’autorité publique sans ITT, quatre gendarmes ayant porté plainte. Un non-sens pour son avocate Anne-Gabrielle Gandon, qui représente aussi Manon : « J’ai du mal à comprendre comment les violences volontaires ont pu être caractérisées : les militaires se sont pris de la peinture sur leurs vêtements quand ils les ont interpellées, ce n’était évidemment pas intentionnel. Plus globalement, les peines prononcées me désolent : cela crée un précédent désastreux pour les militants écologistes. » (...)

« Faire de la prison ferme pour un jet de peinture sur une porte : je n’ai jamais vu ça. C’est non seulement ridicule, mais aussi odieux. C’est quoi la prochaine étape ? On assiste peut-être là au début d’une répression de plus en plus sévère des militants écologistes, comme on l’a vu en Grande-Bretagne ou en Allemagne. » (...)

Il en faut plus pour la décourager. « Libre à nous de continuer à maintenir le rapport de force : si la répression augmente, cela veut dire qu’il y a une crainte du pouvoir. Cela montre que nous avons mis le doigt sur quelque chose d’important. »

La native de Rouen (Seine-Maritime) le dit très tranquillement : en s’engageant dans ce combat pour la justice climatique et sociale, elle sait qu’elle est « du bon côté de l’histoire ». « C’est ne pas faire tout ça qui aurait été anormal », dit celle qui a toujours aimé observer la faune et la flore et dont l’engagement date de l’adolescence. (...)

« On voit bien que la voie partisane à elle seule ne fonctionne pas, on est obligés aujourd’hui de rajouter le volet résistance civile », indique-t-elle, rappelant que « si on se retrouve à faire ce type d’actions et de la garde à vue ce n’est pas par plaisir : c’est par nécessité ». (...)