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France24
Tirs lors d’une distribution alimentaire à Gaza : "Je ne veux plus jamais y retourner"
#israel #palestine #Hamas #Cisjordanie #Gaza #famine
Article mis en ligne le 24 juillet 2025

Le 20 juillet au matin, 25 camions du Programme alimentaire mondial chargés de vivres essentiels, notamment de la farine, ont franchi la frontière nord de la bande de Gaza. Sur place, les civils disent avoir essuyé des tirs de l’armée israélienne, qui dément. Ahmed Abou Askar, un jeune Palestinien qui a lui aussi tenté de récupérer des vivres, témoigne auprès de la rédaction des Observateurs.

Ahmed Abou Askar, 25 ans, habite dans la ville de Gaza. Le 20 juillet au matin, il s’est rendu à pied, avec des centaines d’autres civils, dans la zone de Zikim, située au nord-ouest de Gaza-ville, où avait lieu la distribution, dans l’espoir de récupérer un sac de farine.
"J’ai failli mourir"

Mais sur place, c’est une scène "sortie d’un film" qu’il raconte à la rédaction des Observateurs.

“J’ai appris par mon cousin que des camions d’aide allaient peut-être arriver à Zikim. On a marché plus de cinq kilomètres. Au départ, j’étais réticent à l’idée d’aller chercher de l’aide de cette manière, que je trouvais humiliante, mais il n’y avait plus rien à manger à la maison. Tu te retrouves à marcher des kilomètres, à porter un sac de farine de 25 kilos, obtenu au milieu d’une foule extrêmement dense et juste devant les tanks. Il n’y a pas de plus grande humiliation que ça.

Quand les camions remplis de farine sont arrivés, l’armée israélienne a commencé à tirer de façon hystérique. Même les chars ont tiré. Une personne à côté de moi a été tuée. Moi, j’ai failli mourir.

(...)

"Je n’ai absolument rien pour nourrir sept personnes"

Selon Ahmed, chaque jour, des centaines de Gazaouis se rendent à Zikim, même lorsqu’aucun camion humanitaire n’est annoncé, dans l’espoir de recevoir un sac de farine.

Depuis des mois, les Gazaouis vivent sous un blocus quasi total. Les marchés sont presque vides, et ce qui reste est hors de prix. Avant la guerre, Ahmed était étudiant en génie civil et venait tout juste d’obtenir son diplôme. Parallèlement, il faisait du commerce à Gaza : il achetait des appareils électroniques cassés, les réparait, puis les revendait. Aujourd’hui, il ne travaille plus. (...)

“Je vais parfois au marché, mais un kilo de farine coûte plus de 30 dollars [environ 26 euros, ndlr]. Parfois, nous n’avons rien du tout. On essaie de survivre avec un seul repas par jour, mais ça peut nous coûter jusqu’à 200 dollars pour les sept personnes de ma famille [plus de 180 euros, ndlr].

Au marché, à part la farine, il y a parfois des aubergines, des tomates, mais elles coûtent plus de 50 shekels le kilo [environ 13 euros, ndlr]. Le riz est à 95 shekels le kilo [environ 25 euro, ndlr]. Et souvent, il n’y a tout simplement rien à vendre. Les marchés sont vides la plupart du temps. Et quand il n’y a rien, on ne mange rien.

Aujourd’hui, il ne nous reste plus rien à manger. Je n’ai absolument rien pour nourrir sept personnes. Cela fait maintenant quatre jours que nous n’avons rien mangé.”

(...)

Une attaque confirmée par le Programme alimentaire mondial

Dans un communiqué publié le 20 juillet sur son compte X officiel, le Programme alimentaire mondial (PAM) a confirmé qu’un de ses convois a été pris pour cible peu après avoir franchi le dernier point de contrôle à Zikim.

Selon le texte, “à l’approche du convoi, la foule environnante a été prise sous le feu de chars israéliens, de snipers et d’autres tirs.” (...)

Le PAM se dit "profondément préoccupé et attristé" par cet incident, évoquant "la perte de nombreuses vies" et soulignant que les personnes visées "tentaient simplement d’obtenir de la nourriture pour se nourrir elles-mêmes et leurs familles, au bord de la famine.”

L’organisation rappelle qu’elle avait reçu des assurances des autorités israéliennes selon lesquelles "les conditions opérationnelles humanitaires s’amélioreraient" et que "les forces armées ne seraient pas présentes ni engagées à aucun moment sur les itinéraires des convois humanitaires".

Le communiqué appelle à la cessation immédiate des tirs à proximité des convois et des distributions alimentaires, rappelant que la présence de groupes armés aux abords de ces opérations est "totalement inacceptable".
Au moins 99 morts selon les autorités locales

Selon un décompte du ministère palestinien de la Santé donné le 21 juillet, au moins 99 personnes ont été tuées et des dizaines blessées lors du passage de ce convoi humanitaire. Des images prises par le photographe gazaoui Ali Jadallah, qui travaille pour pour l’agence de presse turque Anadolu, montrent des blessés transportés en urgence vers les hôpitaux, portés par des civils ou des équipes de secours débordées. (...)

"Je ne veux plus jamais retourner vers les camions d’aide"
Ahmed Abou Askar, quant à lui, dit avoir définitivement perdu foi dans l’aide internationale à Zikim.

“Aujourd’hui, je ne veux plus jamais retourner vers les camions d’aide. Même si mon cousin ou quelqu’un d’autre m’appelle pour me dire qu’ils arrivent, je n’irai pas.”

Mercredi 23 juillet, une centaine d’organisations humanitaires ont averti qu’une "famine de masse" se propage dans la bande de Gaza. Dans leur communiqué, les ONG, dont Médecins sans frontières, Médecins du monde, Amnesty International, et Oxfam rappellent : "Les massacres sur les sites de distribution de nourriture à Gaza sont devenus quasi quotidiens. Au 13 juillet, l’ONU avait confirmé que 875 Palestiniens avaient été tués alors qu’ils cherchaient de la nourriture”.

Selon l’ONU, toute la population de la bande de Gaza est désormais dans une situation nutritionnelle critique et 2,4 millions de Gazaouis sont menacés de famine.

 video (4’25)
"Famine de masse" à Gaza : une centaine d’ONG tire la sonnette d’alarme

111 ONG ont mis en garde mercredi contre la propagation d’une "famine de masse" dans la bande de Gaza dévastée par plus de 21 mois de guerre, les Etats-Unis annonçant une nouvelle mission de l’émissaire Steve Witkoff pour discuter d’un couloir humanitaire. Analyse d’Anne Corpet, chroniqueuse internationale France 24.

 video (4’35)
Gaza : les médecins s’évanouissent à cause de la faim, selon l’UNRWA

Le directeur de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a déclaré mardi que ses salariés à Gaza, ainsi que les médecins et les travailleurs humanitaires, s’évanouissaient dans l’exercice de leurs fonctions à cause de la faim. Plus d’une centaine d’organisations humanitaires ont averti mercredi qu’une "famine de masse" se propageait dans la bande de Gaza dévastée par la guerre. Analyse de Antoine de Mariotti.


Amnesty International
Pétition Génocide à Gaza : la France doit mettre fin à l’impunité d’Israël  !

Pétition>Assemblée Nationale : Demande de sanctions à l’encontre de l’État d’Israël et de ses dirigeants en raison de violations graves du droit international