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⚽ Tifos : la lutte en tribune ?
#tifos
Article mis en ligne le 9 novembre 2022

Marseille jouait contre l’Olympique Lyonnais ce dimanche 6 novembre. Dans le stade, les supporters de l’OM ont mis en œuvre un tifo massif : « ANTIFA », en lettres majuscules composées par les spectateurs, pour rappeler les valeurs antiracistes et antifascistes de la tribune, face à une ville de Lyon tristement célèbre pour l’implantation d’une extrême droite très violente et impunie. On se rappelle d’une époque pas si lointaine où la bâche des Gones était composée d’un gigantesque drapeau français sur lequel trônait une croix celtique, un symbole mussolinien.

Les tifos sont des performances visuelles, souvent composées de banderoles gigantesques, parfois accompagnées de fumigènes, feux d’artifice et animations, dans les tribunes des stades. Ces grandes créations organisées de supporters prennent régulièrement une tonalité politique. Parfois les revendications sociales et les luttes politiques apparaissent en tribune, sur des bâches bien plus massives que celles vues en manifestation. À l’origine de ce mode d’expression, une tradition ultrà venue d’Italie à la fin des années 1960, alors que les contestations sociales battaient leur plein et que la ferveur populaire des tribunes permettait de médiatiser un combat politique mais aussi de fédérer des groupes contestataires. Faire corps, s’engager physiquement, dans le sport comme en politique.

En Allemagne, des tifos appelant à boycotter le mondial au Qatar fleurissent ces derniers mois. À deux semaines de l’ouverture du Mondial de la honte, de nombreuses tribunes affichent des messages hostiles à la compétition et rappellent notamment le nombre d’ouvriers morts sur les chantiers de la dictature du golfe. Un tifo du même type a été déployé à Guingamp.

En août dernier, le message « On traîne en bande, comme à Gaza » accompagné du drapeau palestinien apparaissait dans la tribune Auteuil du Parc des Princes à Pairs. Le même été, un tifo « UEFA MAFIA » au stade Vélodrome entraînait de lourdes sanctions pour les marseillais.

En 2019, un tifo du club de foot populaire et antifasciste de Ménilmontant, le MFC1871, était censuré, et le club subissait une sanction de la Fédération Française de Football pour « apologie de la haine » après un visuel anti-police. Supporter d’accord, s’exprimer, non. (...)

Le football n’est pas qu’une arène dépolitisée et marchande, il est travaillé par des rapports de force, des mobilisations et des répressions. Et si l’extrême droite tente de s’implanter dans certaines tribunes, des groupes supporters sont parfois en pointe dans les combats pour le foot populaire, contre les violences policières, le racisme, ou encore lors des insurrections du monde arabe à partir de 2011. (...)