
Le jeune blogueur saoudien Raef Badawi est condamné à 1 000 coups de fouet, dix ans de prison et 270 000 dollars d’amende pour « offense à l’islam ». Après les enlèvements de lycéennes au Nigeria, l’horreur intégriste se porte affreusement bien.
(...) Au programme, l’insolent avait osé évoquer la relation à la religion. Voici plus d’un an qu’il est embastillé et la condamnation d’hier est encore pire que la première, prononcée voici quelques mois. On en était alors à 600 coups de fouet et 7 ans de prison.
Waleed était désespéré en m’apprenant la nouvelle. C’est un jeune Palestinien à qui la France a offert l’asile politique. Il n’a pas fui le conflit israélo-palestinien mais sa ville natale de Kalkiliya, dans les territoires autonomes, où la justice de Mahmoud Abbas l’avait aussi enfermé pour athéisme. Marianne a déjà évoqué son destin que j’ai retracé dans mon enquête sur les Rebelles d’Allah. Waleed et Raëf ne se sont jamais rencontrés mais ils ont lutté pour la même cause : celle de la liberté de conscience. Le contexte saoudien était évidemment plus périlleux que le contexte palestinien. Quoique... Waleed a subi des centaines de menaces de mort et n’a été libéré que sur intervention française et européenne.
Mais qui va intervenir pour Raëf Badawi ? On n’ose même pas imaginer mille coups de fouet, ce qu’est un corps face à cela. Qui va braver cette Arabie dont on nous vante les nouvelles transitions ? Qui va descendre dans la rue pour clamer que l’intégrisme islamiste est toujours et, de plus en plus, ce fascisme vert dénoncé par l’écrivain algérien Rachid Boudjedra dès la montée du Front islamique du Salut dans son pays au début des années 1990 ?
Sans doute, l’épouvantable affaire des enlèvements de lycéennes par la secte Boko Haram au Nigeria commence-t-elle à préoccuper l’opinion. Il n’est que temps. Mais qu’y a-t-il derrière cette horreur, les 1000 coups de lanières promis au jeune corps rebelle de Raef comme l’esclavage revendiqué pour les jeunes corps de Nigerianes par leurs bourreaux ? Encore et toujours la même barbarie accouplée à la traite mafieuse, à l’obsession sexuelle, à la jouissance sadique, le tout sous le label d’une religion qui, depuis plus d’un quart de siècle, assassine les siens. L’islamisme a tué en effet bien plus de musulmans que de non-musulmans même si le même désir de passer les seconds au fil du sabre reste une constante de cette folie. (...)