
Chaque année, à l’initiative de treize associations et aumôneries, des événements ont lieu partout en France afin d’informer et de sensibiliser sur les conditions de détention et sur les réalités subies par les personnes détenues.
En privant une personne de liberté, la prison exerce une contrainte aux conséquences multiples sur l’esprit, et sur le corps. Au fil des siècles, des stratégies n’ont cessé d’être élaborées pour restreindre le corps de celles et ceux qui ont enfreint la loi. Hier, par le châtiment corporel puis le bagne, aujourd’hui, par l’enfermement.
Présentation de la thématique
Réduite tantôt à une promiscuité insoutenable, tantôt à un isolement inhumain : la prison, privation de liberté, est, par définition, peine de corps.
Parce qu’ils séparent et excluent, ce sont les murs et les barreaux qui rendent visible la peine, pour la personne détenue comme pour la société. (...)
Dépossédée d’elle-même, la personne éprouve une nouvelle perception du temps, où son corps est plongé dans un présent obsédant, qui tourne en rond, duquel s’estompe l’inconsciente habitude du corps en liberté.
Dans l’enfermement, le corps est en état de dépendance à la fois symbolique, économique et institutionnelle. Passif et désœuvré, frustré, en colère ou abattu, il est dans une attente permanente : du parloir, d’un avocat, du CPIP, d’un travail, d’une formation, d’un espoir, d’une permission, d’un jugement. Et de la sortie.
La privation de liberté, comme sanction, implique-t-elle inévitablement, de fait, autant de maux, autant de peines, autant de bleus à l’âme comme au corps ? Du boulet au bracelet, comment aujourd’hui penser et dépasser la peine de corps ? (...)