
L’infiltration de la communauté des hackers par les autorités policières n’a rien d’une nouveauté. En France, le hacker Jean-Bernard Condat avait créé en 1989 la branche française du Chaos Computer Club... à la demande de la DST (les services de renseignement de l’époque), qui utilisait le groupe pour surveiller et mieux comprendre les acteurs du piratage informatique. Mais l’ampleur du phénomène pourrait être plus étendue que l’on ne l’imagine.
C’est en tout cas ce qu’affirme dans une enquête du Guardian le journaliste Eric Corley, qui édite le magazine 2600 qui fait référence chez les hackers depuis son premier numéro en 1997. Selon lui, un quart des hackers qui opèrent aux Etats-Unis auraient été recrutés par le FBI pour livrer des renseignements sur leurs pairs. Le processus de recrutement est des plus simples : les agents fédéraux montent un dossier contre leur cible, et le menacent de passer quelques années en prison s’il n’accepte pas de collaborer. "Etant donné les peines sévères encourues et la relative inexpérience que beaucoup de hackers ont avec la loi, ils sont plutôt sensibles à l’intimidation", raconte Corley.
Lorsqu’ils sont recrutés, les hackers sont les yeux et les oreilles du FBI. (...)
La tactique du FBI sert un double intérêt. Non seulement elle lui permet de surveiller très étroitement l’activité des hackers aux Etats-Unis ; mais elle fait aussi régner un véritable climat de défiance chez les groupes de hackers. Comment organiser des opérations d’ampleur exigeant une collaboration entre pirates informatiques, lorsque l’on se demande sans cesse lequel d’entre eux est un traître ?