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27ème sommet France-Afrique | Bamako 13-14 janvier 2017
Article mis en ligne le 11 novembre 2016
dernière modification le 6 novembre 2016

APPEL de la Coalition internationale des Sans-papiers, Migrants et demandeurs d’asile (CISPM)

pour le soutien à son projet d’aller interpeller à Bamako les chefs d’Etat français et africains réunis les 13 et 14 janvier 2017 pour le 27ème sommet France-Afrique.

La CISPM appelle tous les mouvements et collectifs de Sans-papiers, Migrants et demandeurs d’asile, ainsi que les associations de soutien, les syndicats et tous les citoyen-ne-s sensibilisés à la lutte contre la politique actuelle des migrations dans la mondialisation, à se mobiliser pour soutenir notre projet d’aller sur place, à Bamako où se tiendra les 13 et 14 janvier prochain le 27ème Sommet France-Afrique, afin d’interpeller les chefs d’Etat africains, le Président de la république française et les responsables onusiens réunis sur le sens et la valeur de leur « collaboration ». De fait, depuis que les sommets France-Afrique existent, rien en Afrique n’a vraiment changé. Pire, presque tout a empiré, prédation, corruption, dictature, déni de démocratie, famine, maladie, guerre, tout au profit des puissances dominantes, tout pour le maintien des peuples dominés dans la pauvreté et l’absence désespérante d’avenir.

Il est révoltant et risible à la fois de voir que depuis le 1er sommet en 1973 sous la présidence Pompidou, ces rencontres au sommet affichent, sous une appellation ou une autre, les trois mêmes sujets : dialogue, sécurité, développement. À Bamako en 2017, cela s’appellera : « partenariat, paix, émergence » ! Cette fois peut-être la présence des chefs d’état anglophones forcera-t-elle à élargir le débat : lutte contre le terrorisme, flux migratoires, sécurité et ordre public, aide au développement contre traitement local des migrations (Merkel tout récemment). Mais une nouvelle politique vraiment progressiste d’aide au développement en sortira-t-elle ? (...)

Par notre mobilisation à Bamako, et partout ailleurs des deux côtés de la Méditerranée, nous voulons manifester notre résistance aux accords négociés à ce 27ème sommet en donnant toute sa résonance aux voix des « damnés de la terre » que nous ne cessons d’être, comme anciens colonisés, et des nouveaux prolétaires que nous sommes devenus, comme Sans-papiers, réfugiés et demandeurs d’asile, tout comme l’immense majorité des peuples africains réduits sans issue au silence et à la précarité.

En tant que migrants, ce que d’abord nous voudrons rappeler à tous, petits et grands dans la société, tient en quelques mots, c’est que les migrations sont un droit, une richesse, une nécessité économique, une garantie politique pour la paix. Aujourd’hui, la fermeture de l’Europe à ses frontières, préparée depuis les accords de Schengen le 4 juin 1991, s’est brutalement durcie (réfugiés, politiques d’austérité et de sécurité, guerre contre les parias à Calais, et maintenant le « Brexit » de très mauvais augure…). Le combat sera comme toujours inégal. (...)

c’est plutôt d’une véritable révolution africaine dont nous avons besoin de toute urgence. Ce que nous voudrons dire à nos chefs d’Etat africains, c’est que le moment est venu de réaliser vraiment nos indépendances, en comptant sur nos propres forces, sur nos richesses naturelles, sur nos ressources intellectuelles, sur notre culture traditionnelle, sur notre jeunesse et son désir d’agir au pays, sur notre capacité à nous unir dans ce but. Aujourd’hui, l’opportunité est donnée dans cet accord désormais planétaire pour la transition écologique capable d’entamer la rupture avec la logique de croissance à l’occidentale et tous les maux qui vont avec, car, et nous insisterons sur ce point, le pire serait que nos chefs d’Etat signent à nouveau le statu-quo d’une intégration contrainte à la globalisation capitaliste néolibérale, cause des dérégulations catastrophiques qui entrainent nos pays dans le cycle du sous-développement et de la pauvreté (...)

nous appelons à proclamer sans relâche, comme nous le ferons à Bamako, un OUI déterminé à l’abolition de la dette des pays les plus pauvres, obstacle insurmontable à la moindre « émergence« , oui à l’abandon du franc CFA, instrument néocolonial de la servitude financière des pays africains francophones, déni de leur souveraineté économique sans laquelle toute idée de « partenariat » est un gros mensonge, oui à la lutte incessante et déterminée contre le pillage de nos ressources, ferment de toutes les inégalités et de toutes les guerres passées, présentes et à venir, réduisant la « paix » à une peau de chagrin.

En tant que migrants, nous sommes bien placés pour savoir la pression des catastrophes environnementales, du réchauffement climatique, de la sécheresse, dont les africains sont loin d’être responsables, et qui nous ont brutalement obligés de partir. Nous exigeons que justice climatique soit faite, en réparant ce qu’il est encore possible de sauver.

C’est parce qu’il nous appartient de contribuer aussi, comme tous les acteurs des luttes qui se mènent en ce sens en Europe comme en Afrique, au changement de cette situation dramatiquement injuste, dangereuse pour tous, et hélas bien trop souvent mortelle, que nous appelons les associations, les syndicats, les travailleurs, les étudiants, les mouvements sociaux, les partis les citoyens et citoyennes à se mobiliser avec nous, chacun selon ses moyens, à l’occasion de ce 27ème sommet France-Afrique, pour inciter nos chefs d’Etat respectifs à regarder en face leur immense responsabilité et à prendre les décisions qui s’imposent.