
Des centres IVG ferment, les médecins sont de moins en moins nombreux à accepter d’en pratiquer (les anciens "militants" partent à la retraite), leur corporation s’oppose par ailleurs à ce que les sages-femmes puissent assumer ce rôle (et parmi elles, certaines évoquent aussi une opposition de principe à exécuter cet acte). Obtenir un rendez-vous pour une interruption volontaire de grossesse est pour bon nombre de femmes un véritable parcours du combattant. Et quand on n’est plus dans les délais légaux (12 semaines de grossesse), que faire ? On constate une augmentation du nombre de femmes qui vont avorter à l’étranger, là où les délais légaux sont plus longs (souvent aux Pays-Bas, en Espagne ou en Angleterre). Entre 5000 et 6000 femmes seraient concernées chaque année.
Et pour les autres ? Celles qui n’ont pas les moyens de se payer le déplacement ? Celles qui ont peur que ça se sache (notamment les mineures) ? Toutes celles qui sont désespérées de ne pas trouver de solution près de chez elles ?
Verra-t-on bientôt ressurgir les bonnes vieilles méthodes du passé et leur lot de cadavres pour n’avoir pas souhaité poursuivre une grossesse ? Les aiguilles à tricoter ? Les tringles à rideaux ? Les injections vaginales de vinaigre ? De savon ? Les tisanes de "sorcière" (un petit cocktail d’absinthe et d’arsenic, qui sait, ça pourrait marcher...) ? Les coups dans le ventre ? Bref, refaire comme mémé ?
L’internet vient aujourd’hui à la rescousse de la femme moderne... Si vous tapez "avortement info" sur Google, le premier site qui apparaît, c’est IVG.net. Il se présente comme un Centre de documentation médicale sur l’avortement. Il est en réalité tenu par des personnes qui y sont opposées... Le numéro d’appel gratuit vous mettra en relation avec une personne désireuse de vous faire changer d’avis... Vous trouverez là bon nombre d’articles voire quelques vidéos dont la finalité est soit de vous faire peur (sans le moindre scrupule à user d’arguments mensongers), soit de vous amener à culpabiliser...
Ce n’est pas que j’estime que les anti-avortement n’aient pas le droit d’exprimer leurs opinions sur la Toile. C’est juste que je trouve malhonnête qu’ils le fassent de manière aussi sournoise, allant jusqu’à utiliser sur leur bannière la dénomination d’un véritable site d’information, SOS IVG... (...)
Trente-cinq ans après la loi Veil... On nous parle de dérembourser l’avortement (en Suisse, mais aussi en France !). Et à en juger par les réactions de certains internautes (y compris de nombreuses femmes !), si cela était compensé par la gratuité des méthodes contraceptives, ce serait acceptable.
Un retour en arrière considérable, en réalité. Non seulement parce qu’on peut tomber enceinte en usant d’une méthode contraceptive mais aussi parce qu’il existe mille et unes raisons qui expliquent qu’on se soit livrée à un acte de chair sans être protégée... sans qu’on n’ait pour autant comme projet de mener une grossesse à terme et d’élever un enfant.
Car c’est bien là qu’est le noeud du problème. Doit-on considérer la maternité comme une résultante logique de tout rapport hétérosexuel non protégé ? (...)
Oui, il est souhaitable de mieux informer les jeunes au sujet de la sexualité et de la contraception. Oui, il est important de permettre aux femmes de trouver le moyen de contraception qui leur convient. Oui, il faut que la contraception soit accessible à toutes. Mais malgré cela, des grossesses non désirées, il y en aura toujours. Faire de l’avortement un luxe que pourront (et encore, vue la tendance, ce sera difficilement) se payer les femmes aux revenus confortables, ce n’est ni plus ni moins que de nous réduire toutes (mais encore plus les pauvres) à des utérus sur pattes et ramener notre sexualité à sa seule dimension procréatrice.
Merde, non, on ne peut pas cautionner ça ! (...)