
En septembre 2014 les sondeurs avaient commencé par une série de sondages biaisés sur la suppression des 35h : les Français y étaient favorables, assuraient-ils (cf. notre rubrique Archives, septembre 2014). Aujourd’hui CSA publie un sondage à la tonalité similaire : « Les Français ne semblent pas opposés à la refonte des 35 heures sous certaines conditions » (CSA, 3 septembre 2015).
Pouvait-il en être autrement au vu des commanditaires déclarés ? L’Institut Montaigne (une association patronale), Les Echos (quotidien économique) et Radio-classique (dirigé par Etienne Mougeotte).
Quant au sondeur, CSA, propriété depuis 2006 du groupe Bolloré, les changements sont intéressants : dirigé par Bernard Sanaès jusqu’à son départ en avril 2015, puis par Jean-Christophe Thiery, récemment nommé par Vincent Bolloré à la tête de Canal plus, qui vient s’occuper aussi de faire les changements de ligne politique de I>Télé (Le Monde, 6-7 septembre 2015).
Bien entendu, rien ne permet ici de parler de Push poll ou de sondage d’influence... sinon cette curieuse anomalie interne au sondage : l’unique question posée ne fait aucunement référence aux 35 heures. (...)
Tous les sondeurs connaissent pourtant ce précepte élémentaire du métier : de la question posée dépend la réponse obtenue.
Exit les 35h. Quitte à jouer des sous-entendus et de l’imprécision, autant entretenir le flou sur le pouvoir de négociation des entreprises et des salariés. Faut-il comprendre qu’il serait équivalent ?
Autre problème, de taille lui aussi, une part importante des sondés se compose de personnes non concernées par la question : les personnes âgées, les retraités, les étudiants, et les chômeurs.
Place nette ainsi faite, l’interprétation défendue par le patronat, la droite et la « droite socialiste » peut « librement » s’exprimer. La (fausse) retenue du sondeur n’est plus de mise aux Echos qui titre : « 35 heures : les Français prêts à une vraie réforme » (3 septembre 2015). Et s’empresse de préciser dans son commentaire : « Il n’y a pas d’équivoque, il ne s’agit pas seulement de négocier l’organisation du travail (l’annualisation du temps de travail par exemple, qui est déjà négociée dans les entreprises). Mais bien de revenir sur la durée légale du travail, les fameuses 35 heures » (Ibid). (...)