Loin des projecteurs médiatiques focalisés sur les élu·es « frondeurs », 450 militant.es de la base se sont regroupé·es ces derniers mois autour d’un Appel pour une VIe République à la France insoumise. Une centaine d’entre elles.eux se réunissent le 10 février dans l’objectif d’une refondation démocratique de la FI. (...)

Le moment fort d’un processus venu de la base il y a un an et demi où, de proche en proche, plus de 450 militant.es de toute la France, « mobilisé.es lors des séquences électorales depuis 2016 (et bien avant pour nombre d’entre nous) », se sont rassemblé.es autour d’un Appel pour la VIe République à la France Insoumise (ICI) :

« Nous tirons la sonnette d’alarme. Nous traversons une véritable crise interne liée aux décisions ’’verticales’’ à répétition que nous subissons. L’absence totale de démocratie entre les ’’décideurs’’ et les militant.es de terrain que nous sommes, n’est pas nouveau à la FI, à de nombreuses reprises et sur des sujets d’importance notre avis a été ignoré. » Et de conclure : « Nous ne voulons plus nous contenter de jouer les petites mains au service d’une poignée de ’’cadres’’ qui décident pour nous et en notre nom, d’autant plus dans un mouvement qui prône la VIe République, la révocation des élu.es et le RIC (référendum d’initiative citoyenne). »

Comme ils.elles l’ont écrit dans un courrier du 15 mai 2023 à Manuel Bompart, coordinateur de la FI (lettre restée sans réponse), les signataires de l’Appel demandent que « soit convoquée au plus vite une convention militante au sein de la FI, afin de mettre en place un fonctionnement démocratique de notre organisation ». Et de préciser que « comme une constituante interne, le travail de cette convention militante montrera notre capacité à faire la même chose dans la société en général ». CQFD : comment un parti politique de gauche pourrait-il donner envie de s’engager, de militer, sans être lui-même à l’image du monde qu’il veut construire ? (...)

usine à gaz aux forts relents totalitaires : un parti régi par une association sans adhérent.es (à laquelle il est impossible d’adhérer et qui n’a du coup aucun compte à rendre à personne), à l’exception des trois membres de son bureau (Manuel Bompart, président et porte parole de LFI, Mathilde Panot, secrétaire et présidente du groupe parlementaire LFI à l’Assemblée nationale, Maxime Charpentier, trésorier) ; une opacité absolue des finances (considérables) du mouvement, alors même que les groupes d’action locaux tirent le diable par la queue ; des « espaces » divisés en « pôles », sans organigramme, aux attribution improbables ; des « assemblées représentatives » sans maîtrise de leur ordre du jour, sans vote, composées de « délégué.es » sans mandat de leurs groupes d’action, officiellement « tiré.es » au sort et en réalité coopté.es par le sommet ; une « direction » auto-proclamée dont on apprend l’existence le jour où des « personnalités » qui n’ont plus l’heur de plaire en sont écartées ; et cerise sur le gâteau, un « Conseil politique » sans pouvoir officiel, qui se réunit une fois par mois et regroupe les partis politiques officiellement membres de la France insoumise (le Parti de gauche, le Parti ouvrier indépendant, Picardie debout, la Gauche écosocialiste)... alors même que les tendances ou factions sont officiellement interdites à la FI ; des député.es tenu.es en laisse (sinon au coin !) ; un « Comité de respect des principes », tribunal inquisitoire chargé de mettre au pas voire d’exclure les réfractaires... Et enfin, pour couronner cette machine infernale, Jean-Luc Mélenchon qui, officiellement responsable de rien (modestement, il n’est plus que co-président de la Fondation La Boétie), entouré d’un petit groupe d’affidé.es largement occulte, décide de tout.

ALLUMETTE

Le moins que l’on puisse dire est que la révolution militante prônée par l’Appel pour une VI République à la FI ne s’annonce pas comme un dîner de gala. (...)

voir aussi :
– REgards/la Midinale/YouTube
« Nous qui avons connu le lambertisme sommes sidérés par l’organisation aussi autoritaire de LFI »
Laurent Mauduit et Denis Sieffert, auteurs de "Trotskisme, histoires secrètes. De Lambert à Mélenchon" aux éditions Les Petits Matins, sont les invités de #LaMidinale.