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Libération
7 avril 2020 – Tribune collective “Sans-logis : l’Etat abandonne les populations les plus précaires ”
Signataires : la Ligue des droits de l’Homme (LDH), l’Action chrétienne pour l’abolition de la torture (Acat), Utopia 56, Droits d’urgence, Kâlî, le Groupe d’information et de soutien des immigrés (Gisti).
Article mis en ligne le 8 avril 2020

Après le rejet du Conseil d’Etat saisi en urgence par plusieurs associations dont la LDH, les pouvoirs publics continuent d’ignorer la nécessité de l’accompagnement social, sanitaire et juridique d’une partie de la population délaissée face à la pandémie.

Tribune. Hier, face à l’urgence sanitaire et à l’absence de prise en considération des personnes les plus précaires qui vivent à la rue, en habitat de fortune, ou confiné·e·s dans des conditions qui les rendent particulièrement vulnérables à la pandémie du coronavirus, nos associations ont, dans la continuité d’une pétition ayant rassemblé près de 100 000 signataires, saisi en urgence le Conseil d’Etat. Dans cette requête, nous demandions la réquisition de logements en location meublée touristique et de chambres d’hôtel vacantes, ainsi que l’accès au matériel sanitaire indispensable (masques, gants, gel hydroalcoolique et blouses) pour la protection de ces personnes et du personnel encadrant.

Parce que nous avons couru dans les hôtels sociaux pour apporter de la nourriture et parfois traduire les symptômes du Covid-19 aux médecins. Parce que nous avons dû prendre des risques pour notre santé et celle des personnes accompagnées et fabriquer nos propres masques. Parce que nous voyons quotidiennement depuis plusieurs semaines des personnes sans abri être verbalisées pour s’être déplacées dans les seuls lieux de distribution de repas restant ouverts. Parce que nous avons trop vu.

Le 2 avril, le Conseil d’Etat, « au nom du peuple français », a rejeté notre requête en référé, balayant d’un revers de main les arguments et les nombreuses preuves apportées par notre collectif, se faisant ainsi le soutien des carences fautives du gouvernement. (...)

Nous n’oublierons pas

Demain, à quoi ressemblera notre monde ? La grande majorité d’entre nous se pose cette question et ne voit d’autre issue que de replacer la question des inégalités au centre des réflexions collectives, des décisions politiques et de l’action publique. Vu l’insuffisance manifeste des réponses apportées par l’Etat face à un risque sanitaire établi, nous refusons que demain soit la même chose qu’hier. Nous refusons que, demain, les pouvoirs publics continuent d’ignorer la nécessité de l’accompagnement social, sanitaire et juridique d’une partie de la population et nous continuerons à exiger le respect des droits des exilés et des personnes précarisées. Surtout, nous n’oublierons pas que, malgré une pandémie mondiale, la plus haute juridiction administrative se soit résolue à valider l’abandon, par le gouvernement, des personnes les plus précaires.