
On a parfois tendance à l’oublier, mais le travail nous protège. Tout au long du 20e siècle, des régulations collectives (droit du travail, conventions collectives, assurances sociales) ont permis de protéger les travailleurs et l’ensemble des citoyens. La 8e édition du festival Filmer le travail nous le rappellera à plusieurs occasions. D’abord avec Bernard Friot lors de sa conférence gesticulée sur l’histoire de la sécurité sociale et les conditions d’émancipation du travail. Ensuite par les détours que nous emprunterons par l’histoire avec l’archive Enquête sur la mort d’un ouvrier de Jean-Émile Jeannesson ou dans des pays aux droits sociaux moins établis, comme par exemple en Patagonie avec Zona Franca de Georgi Lazarevski qui sera présenté en avant-première et en ouverture du festival, ou au Mexique avec Arena Mexico d’Anne-Lise Michoud. L’Europe ne fait toutefois pas exception en terme de précarité comme nous le rappelle le lumineux Brothers of the night de Patric Chiha, sur un sujet pourtant difficile.
Mais le travail nous expose également. Le chômage, le développement de la précarité, le recours aux travailleurs intérimaires, détachés ou aux auto-entrepreneurs ont ainsi favorisé les situations d’emploi et de travail plus exposées aux risques physiques et à l’insécurité sociale. La journée d’études accessible à tous et intitulée « Tous entrepreneurs ? » posera cette question des droits sociaux dans les situations aux marges du salariat, que viendra étayer le film de Ken Loach It’s a free world.
Par ailleurs, des risques ont été rendus invisibles parce qu’ils ont été délocalisés dans des lieux de production aux réglementations bien moins protectrices. (...)