Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Reporterre
A Finhorn en Ecosse, l’utopie écolo est devenue réalité
Article mis en ligne le 14 juin 2021

Depuis plus de cinquante ans, un village écossais de cinq cents habitants fait figure de modèle : autosuffisant en alimentation, sans pesticides, avec éoliennes peintes et panneaux solaires... Prochaine étape : la neutralité carbone

Lorsqu’en 1962, le couple d’Anglais Eileen et Peter Caddy, leurs trois enfants, ainsi que leur amie canadienne Dorothy Maclean, s’installèrent dans une caravane située sur un terrain vague de la côte nord-est de l’Écosse, ils n’avaient pas en tête de fonder une communauté. À l’époque, les trois comparses, tout juste licenciés de l’hôtel de Cluny Hill tout proche, se retrouvaient sans logement. Vivant de maigres allocations sociales, le trio décida de démarrer un potager pour subvenir à ses besoins. Sans rien connaître du jardinage mais connectée avec les esprits de la nature, assure-t-elle, la petite troupe réussit à faire pousser quantité de légumes sur cette terre réputée infertile. La légende du projet Findhorn était née.

Soixante ans plus tard, l’hôtel de Cluny Hill, immense bâtisse victorienne, a été racheté par la communauté et accueille désormais les touristes. Le terrain vague originel est devenu un écovillage New-Age, sorte d’écrin vert hors du temps, où de charmantes allées serpentent autour de maisons en bois et de sanctuaires de méditation ressemblant à des logis pour Hobbits.

À quelques centaines de mètres au Nord se trouve le village originel de Findhorn, où l’on peut venir déguster son poisson frais en terrasse. Malgré ce cadre idyllique, le changement climatique menace, comme partout. La communauté, qui a toujours associé spiritualité et respect de l’environnement, s’est donné comme objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2030. Un pari ambitieux mais que l’écovillage, surnommé « Le Parc », pourrait bien remporter.

De nombreux projets portés depuis quarante ans par la Fondation Findhorn permettent déjà aux 450 habitants du lieu de réduire drastiquement leur consommation d’énergie. (...)

Depuis la fin du confinement en Écosse, les lieux de sociabilité de l’écovillage ont rouvert, comme le Phoenix Café et ses tables en bois arrondies. Les clients peuvent y payer leurs consommations avec des billets à l’effigie des trois fondateurs. Depuis 2002, la communauté dispose en effet de sa propre monnaie locale, l’Eko (un eko = une livre sterling). De nombreux projets communautaires ont pu voir le jour grâce aux prêts à faible taux d’intérêt de la « banque » de la communauté, Ekopia. (...)

Outre l’autonomie alimentaire, la communauté est aussi autonome pour ce qui concerne le traitement des eaux usés : elle a construit, en 1995, ce qu’elle appelle la « machine vivante ». À l’intérieur d’une serre, deux longues rangées de bassins hébergent des plantes vertes flottantes. Leurs longues racines permettent le développement de micro-organismes qui, à leur tour, se nourrissent des agents polluants et purifient l’eau. Le tout sans produits chimiques. Des économies d’énergie importantes sont par ailleurs réalisées puisque l’ensemble est construit de façon à ce que l’eau transite naturellement d’un bassin à l’autre, sans pompage. Les ventilateurs, qui envoient de l’oxygène dans les bassins pour accélérer le processus, fonctionnent quant à eux avec l’électricité produite localement. (...)