
À Crest, dans la Drôme, La Colombine est un habitat partagé pour des adultes en situation de handicap souhaitant vivre ensemble sur le « chemin de l’autonomie ». Et avec un grand souci de l’écologie.
Le projet d’habitat partagé à La Colombine, grande maison dans laquelle vivent Claire et Pascal, agréés famille d’accueil, est né en 2009. Marie-Anne, déjà locataire depuis 2006 d’un appartement aménagé dans la maison, avait besoin d’être moins isolée. Avec la construction dans le jardin d’un chalet divisé en deux appartements, pour des personnes qui ne voulaient plus vivre en institution spécialisée, La Colombine est devenue une résidence accompagnée convenant à des personnes en situation de handicap qui souhaitent quitter le milieu institutionnel pour une vie en milieu ordinaire. (...)

Des temps de rencontre qui soudent le collectif, pour que l’« on ne se perde pas »
Ce « faire ensemble » ne doit pas perçu comme une contrainte. Des personnes extérieures ont ainsi parfois jugé que les résident-es n’avaient pas de liberté. C’est pourtant un choix de leur part de vivre ici et non en institution. Avec cette indépendance de logement, « on renonce à avoir le repas servi sur un plateau et toujours tout prêt et fait pour soi ». Mais l’autonomie va avec des obligations qui incombent au lieu, même si Sylvie corrige : « Je ne me sens pas obligée de faire le jardin, j’aime cela, j’aime toucher la terre, j’aime que l’on fasse ensemble ici. » Et c’est ainsi que, chaque mercredi, tout ce petit monde se retrouve au jardin pour semer, planter, arracher l’herbe. Les locataires sont également un week-end sur deux à La Colombine ; c’est l’occasion de sorties, d’aller marcher, d’un repas partagé, chez l’un-e ou l’autre, ou au café du village. (...)
Chacun-e a son chez-soi, mais ce sont ces temps de rencontre qui soudent le collectif, pour que l’« on ne se perde pas ». Au quotidien, échanges de services et de visites informelles, à l’image de voisins qui s’entendent et font l’effort de partager plus qu’un espace commun, ponctuent la vie de cet habitat « partagé entre personnes ordinaires et personnes extraordinaires », comme se plaisent à le rappeler les membres de l’association. Il existe dans le règlement intérieur un code de bonne conduite auquel a souscrit chaque locataire à son arrivée. Ces règles sont donc consenties, et tout le monde était d’accord, dès le début, sur cet « effort de bon voisinage », un terme cher à La Colombine (et une idée qu’il serait peut-être bon de faire circuler dans tous les habitats).
L’écologie est une autre thématique importante ici. (...)
« On essaie d’aller vers des produits de qualité, on privilégie les produits frais, on va au marché plutôt que d’acheter sous vide, on évite ce qui est très sucré. »
Des moments qui tissent un maillage relationnel
Dans les gestes du quotidien, tout le monde est attentif aux économies d’eau et d’énergie, et on se rend ensemble chaque année aux Rencontres de l’écologie de Die. Ce souci de l’environnement s’est naturellement prolongé dans les trois logements, rénovés en matériaux non toxiques (liège au sol sous le carrelage et isolants naturels pour les murs), et dont l’eau chaude provient d’un chauffe-eau solaire. Système D et entraide primant, les travaux se terminent toujours par des chantiers collectifs, en faisant appel à toutes les bonnes volontés. Toutes les étapes de ce vivre ensemble se sont fait « à partir de rien au niveau budgétaire », rappelle Claire : (...)