Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Huffington Post
À Marseille, l’enquête sur les policiers masqués ayant agressé « Maria » enfin rouverte
#violencespolicieres #IGPN
Article mis en ligne le 8 juin 2023

La jeune femme a décidé de prendre la parole à visage découvert pour raconter, près de cinq après les faits, les séquelles de ce passage à tabac par des policiers toujours non identifiés.

Une affaire qui repart enfin. Après deux ordonnances de non-lieu, la justice a ordonné ce mercredi 7 juin la reprise des investigations sur l’agression de Maria, cette jeune femme violemment frappée fin 2018 à Marseille en marge d’une manifestation des gilets jaunes par des policiers jamais identifiés, a appris l’AFP de source judiciaire.

Une reprise de l’enquête qui intervient au moment où la jeune femme accepte de parler pour la première fois à visage découvert, près de cinq après les faits. (...)

Malgré deux enquêtes de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), jamais les agresseurs de Maria (qui utilise un nom d’emprunt, ndlr) n’avaient pu être identifiés. Une certitude cependant : il s’agit bien de policiers, même s’ils ne portaient ni matricule (pourtant obligatoire), ni casque réglementaire.
Travail de fourmi

Le 8 décembre 2018, en fin d’après-midi, en marge d’une manifestation de gilets jaunes et contre le logement insalubre, Maria, 19 ans à l’époque, avait d’abord été touchée à une cuisse par un tir de LBD. Elle se trouvait alors dans une ruelle du cœur commerçant de Marseille, alors qu’elle quittait son travail pour rejoindre un ami. Puis elle avait été violemment frappée pendant qu’elle était au sol, à coups de pied et de matraque, lesquels lui avaient fracturé le crâne. (...)

« Sans l’ombre d’un doute, les individus qui ont violenté (Maria) avaient tous la qualité de fonctionnaires de police et ces violences sont d’autant plus inacceptables qu’elles ont été commises de façon purement gratuite », avait ainsi conclu une première fois le juge d’instruction marseillais saisi de ce dossier, en décembre 2020.

Ce retour des investigations vise désormais à récupérer les dossiers des 47 interpellations opérées ce jour-là lors de la manifestation, dont 20 avaient donné lieu à l’obtention d’images vidéo. Selon maître Brice Grazzini, l’avocat de la jeune femme, un travail de fourmi sur ces données pourrait « permettre de retracer le parcours des agents ayant commis les violences, voire d’identifier des visages de façon plus précise ».

À l’audience devant la chambre de l’instruction, le 10 mai dernier, le parquet général de la cour d’appel d’Aix-en-Provence avait lui aussi estimé « indispensable de réaliser tous les actes utiles à la manifestation de la vérité ». (...)

À la veille de la réouverture de l’enquête, la jeune femme s’est confiée à nos confrères de Mediapart dans un long entretien vidéo, où elle témoigne pour la première fois à visage découvert. Cinq ans après son agression, elle explique vouloir sortir de l’anonymat et ainsi provoquer un « sursaut d’humanité et de dignité parmi les policiers ». « Il y en a bien un qui acceptera de dire la vérité ? », espère-t-elle.

Maria dit surtout attendre que ses agresseurs reçoivent la même sanction qu’elle, si elle s’était rendue coupable de faits similaires. Elle évoque aussi les très lourdes séquelles physiques et psychiques (dont 48 points de suture sur le crâne) que lui ont laissées les policiers, mais assure qu’« intérieurement, c’est cent fois pire : il n’y a pas pire que la douleur de ressentir l’injustice ». (...)