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À Notre-Dame-des-Landes, mille et un projets pour inventer un autre monde
Article mis en ligne le 29 décembre 2015
dernière modification le 23 décembre 2015

Il y a trois ans, les forces de l’ordre intervenaient violemment à Notre-Dame-des-Landes, pour expulser les résistants à la construction de l’aéroport. Leur combativité et le grand mouvement de solidarité qui a suivi ont rendu ces expulsions impossibles. Après avoir saccagé nombre de champs cultivés et de cabanes, les forces de l’ordre se sont retirées. Sur place, les liens se sont resserrés. Paysans, riverains, occupants et citoyens des quatre coins de la France ont entamé de nouvelles réflexions, notamment sur l’avenir des terres occupées si le projet d’aéroport venait à être abandonné. Alors que le gouvernement fait à nouveau planer des menaces d’expulsion en janvier 2016, rencontre avec celles et ceux qui construisent concrètement le monde dont ils rêvent.

(...) « Nous ne souhaitons pas entrer dans le circuit de production classique, explique Noé, engagé dans divers projets de production agricole. Ce que l’on produit sur la Zad est mis à disposition des gens du coin, qui se servent et donnent de l’argent s’ils peuvent. Il est pour nous simplement inconcevable de relier le droit fondamental de manger au fait d’avoir, ou non, de l’argent. » Ici, on n’imagine pas seulement la sortie des logiques économiques marchandes, on la vit. (...)

une vingtaine de kilos partent chaque semaine des Fosses noires vers un squat de migrants situé à Nantes. Une autre partie de la production est déposée au « non-marché », qui se tient le vendredi soir à la Gourbi, autre lieu-dit de la Zad. On y trouve des légumes, des produits laitiers et des plantes médicinales à prix libre. « Toutes ces productions sont bénévoles, et collectives, décrit Noé. L’argent est mis en commun et repartagé. » Une partie de l’argent sert en ce moment la création d’une boulangerie à Calais, en soutien aux migrants.
« Ici, tu peux te planter, ce n’est pas grave, tu n’es pas tout seul »

De 100 à 300 personnes occupent la zone d’aménagement différé du projet d’aéroport, rebaptisée Zad, qui s’étend sur 1200 hectares agricoles [1]. 400 de ces hectares sont cultivés par huit paysans résistants, qui ont refusé de partir contre le versement d’indemnités d’éviction [2]. Et sur les 800 hectares qui appartiennent à Aéroports du Grand Ouest-Vinci, 220 sont squattés. (...)

Dans les différents lieux d’occupation, on n’aime pas trop le terme de « zadiste ». « Je ne sais pas ce que c’est, lance même un occupant qui vit sur place depuis quatre ans. Nous sommes divers, et heureux d’apprendre à respecter cette diversité. » Depuis les expulsions de 2012, le profil des occupants semble moins homogène. « Avant, la plupart des occupants venaient du milieu des squats, avec la même culture politique, retrace Camille. Tout le monde était d’accord sur la façon de s’exprimer, et nous étions tous ok pour parler pendant cinq heures d’un problème avant d’arriver à un consensus. Après 2013, il y a eu ce qu’on appelle ici “le printemps des embrouilles” avec beaucoup de conflits d’usage. »

La priorité était-elle de tenir les barricades ? De discuter ? De produire ? De vivre simplement sur place ? « Nous avons énormément discuté de comment nous pourrions vivre ensemble. Chacun a fait l’effort de s’ouvrir à la culture de l’autre. Certains se sont mis à venir aux réunions, d’autres ont accepté l’idée que si nous choisissons de tout résoudre en parlant, nous excluons certaines personnes. » (...)