
À partir du 30 juin, France terre d’asile sera en charge de l’évaluation de la minorité des mineurs étrangers non accompagnés à Paris. L’association succède à la Croix rouge, qui a géré pendant six ans le Dispositif d’évaluation des mineurs isolés étrangers. FTDA s’installe dans de nouveaux locaux, dans le 12e arrondissement, et promet plus d’accompagnement pour les jeunes.
(...) À partir du 30 juin, France terre d’asile sera en charge de l’évaluation de la minorité des mineurs étrangers non accompagnés à Paris. L’association succède à la Croix rouge, qui a géré pendant six ans le Dispositif d’évaluation des mineurs isolés étrangers. FTDA s’installe dans de nouveaux locaux, dans le 12e arrondissement, et promet plus d’accompagnement pour les jeunes. (...)
Le nouveau dispositif, baptisé Accueil mineurs non-accompagnés (Amna) de Paris, doit permettre d’évaluer, dès le 30 juin, 150 jeunes par semaine. La structure sera accessible du lundi au samedi, de 9h à 18h.
Bilan de santé
"C’est véritablement dans l’esprit du nouveau projet que beaucoup de choses changent", assure Delphine Rouilleaut, directrice générale de FTDA, interrogée par InfoMigrants. La responsable promet notamment des "moyens renforcés sur le volet mise à l’abri pour avoir un accompagnement plus grand".
Parmi les nouveautés figure une évaluation des besoins de santé à l’arrivée des jeunes. Concrètement, chaque jeune évalué à l’Amna de Paris sera accueilli par un éducateur qui lui expliquera le déroulé de l’évaluation. Un bilan santé du jeune sera établi et, après "un à quatre jours de répit", il sera évalué.
La mise à l’abri des jeunes durant l’évaluation se fera en hôtels, comme c’est le cas actuellement. Mais Delphine Rouilleaut souligne qu’il s’agira "de sites exclusivement dédiés à la prise en charge des jeunes, avec un encadrement de travailleurs sociaux et pas d’autres types de public dans l’établissement". Un référent sera également désigné pour chaque adolescent afin de le suivre dans ses démarches. (...)
Pour permettre cette prise en charge plus large, l’équipe du dispositif sera agrandie. De 27 personnes employées aujourd’hui au Demie 75, l’équipe encadrante passera à 38 personnes à l’Amna, comprenant les évaluateurs et des soignants. "Dès jeudi, il y aura à l’Amna une équipe médicale composée d’une infirmière, d’un psychologue et d’un médecin", assure Delphine Rouilleaut.
Une mesure utile car les jeunes arrivent souvent en France en grande détresse physique et psychique après des semaines, voire des mois, de voyage.
"Consacrer plus de temps à chaque jeune"
Sur la question de l’évaluation en elle-même aussi, FTDA revendique une nouvelle approche. "Nous avons nos propres grilles d’évaluation et nous formons nos évaluateurs à tous les enjeux géopolitiques des jeunes pour qu’ils soient en mesure de les comprendre, explique Delphine Rouilleaut. L’évaluation des mineurs, c’est quelque chose que nous faisons dans beaucoup de départements de France donc ce n’est pas une découverte pour nous. Nous avons des compétences reconnues dans ce secteur."
Dominique Versini précise que la décision de reconnaissance de la minorité d’un jeune se fera à partir du temps d’évaluation, "mais aussi à partir d’une note sociale rédigée par le référent sur la base du temps de mise à l’abri".
"On va essayer de consacrer plus de temps à chaque jeune et on va également faire en sorte que la remise de décision soit plus étayée. En aucun cas, on ne se basera sur des critères physiques pour prendre la décision", assure encore Delphine Rouilleaut qui rappelle, qu’à terme, ce n’est pas l’association qui est décisionnaire de la reconnaissance de minorité des jeunes mais le département.
Entretiens hâtifs
La Croix rouge, responsable jusqu’à fin juin du Dispositif d’évaluation des mineurs étrangers (Demie), est souvent accusée par les associations qui viennent en aide aux exilés de réaliser des entretiens d’évaluation trop hâtifs.
De nombreux jeunes étrangers rencontrés par InfoMigrants à la suite de leur évaluation déclaraient avoir eu l’impression de ne pas être écoutés par les examinateurs. Enfin, de nombreux jeunes se retrouvent pénalisés par leur parcours d’exil en lui-même, le Demie estimant souvent que leur récit illustre une autonomie difficilement compatible avec l’âge qu’ils disent avoir. (...)