
En 20 ans, le nombre d’allergies liées au pollen a triplé. Cette augmentation « spectaculaire » est causée en grande partie par le dérèglement climatique : les printemps précoces provoquent une augmentation des quantités de pollen tandis que certaines plantes allergisantes, comme l’ambroisie, étendent leur aire de répartition.
Crise d’éternuements, nez qui gratte, yeux qui démangent, respiration sifflante… Et si les dérèglements climatiques empiraient les allergies ? D’après des chercheurs, c’est le cas : le changement climatique provoqué par les émissions de gaz à effet de serre anthropiques perturbe la pollinisation, la répartition des végétaux et modifie ainsi dans l’atmosphère la teneur en pollen, substance allergisante. (...)
« Les symptômes allergiques sont plus sévères et persistants qu’auparavant » (...)
La situation ne va pas en s’arrangeant : le nombre d’allergies liées au pollen est en constante augmentation dans l’Hexagone. Elles ont triplé en 20 ans, affectant désormais près de 20 % des adolescents et plus de 30 % des adultes, avertissait l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) en 2015. La professeure Chantal Raherison-Semjen confie être « particulièrement préoccupée » pour ses patients, « dans un contexte de déserts médicaux » : « Ces vingt dernières années, l’augmentation de la prévalence de ces maladies a été spectaculaire, remarque la pneumologue, qui exerce depuis la fin des années 1990. En pratique, de plus en plus de personnes viennent consulter pour des symptômes allergiques et respiratoires : des enfants, des adolescents et même plus tardivement des adultes. Et ces symptômes sont plus sévères et persistants qu’auparavant. » (...)
« Allergies et asthme sont des maladies avec un terrain génétique. Or, celui-ci n’a pas pu changer si profondément en quelques décennies, observe Isabella Annesi-Maesano, directrice de recherche à l’Inserm. En revanche, notre environnement et notre exposition à certaines substances allergènes ont beaucoup évolué. » Et si la pollution de l’air et l’urbanisation grimpante sont partie prenante du problème, le changement climatique est également en cause.
D’après le bilan annuel réalisé par la Fédération des associations de surveillance de la qualité de l’air (Atmo France), le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) et l’Association des pollinariums sentinelles de France (APSF), « le réchauffement climatique et la hausse des températures conduisent à une augmentation des quantités de pollen ». Ce phénomène touche principalement les espèces qui pollinisent à la fin de l’hiver et au début du printemps telles le cyprès, le frêne ou encore le bouleau. (...)
Résultat, la quantité de pollen concentrée dans l’atmosphère ne cesse de croître depuis 1987, et cette croissance est fortement corrélée à l’augmentation des températures moyennes. (...)
Les pathologies associées arrivent de plus en plus tôt, persistent de plus en plus longtemps et les gens sont de plus en plus diminués. Leur qualité de vie est amoindrie et ils sont contraints de suivre des soins. Et ce n’est malheureusement pas prêt de s’arranger, c’est LE facteur à surveiller, étant donné les prévisions des climatologues (...)
« Quand le pollen est touché en excès par certains polluants, il devient plus dangereux »
Indirectement, le changement climatique amplifie également l’agressivité des pollens. Avec l’augmentation des vagues de chaleur [2], des pics d’ozone et feux de forêt sont favorisés, aggravant la pollution de l’air engendrée par les activités humaines. « Nous sommes de plus en plus concentrés dans des villes, il fait de plus en plus chaud et l’utilisation d’air conditionné dans les bureaux ou les transports devient systématique et participe toujours plus à la pollution atmosphérique. C’est un cycle infernal, regrette Isabella Annesi-Maesano. Or, quand le pollen est touché en excès par certains polluants, il se fragmente en d’infimes particules. Il devient alors plus dangereux, notamment car il contribue à déclencher des asthmes chez des sujets rhinitiques, parce qu’il pénètre plus facilement dans nos bronches. » (...)
D’un point de vue médical, « il est impossible de guérir totalement d’une allergie » dit Serge Pellier, mais les possibilités existent pour en diminuer les effets (...)