
Sur le site petitionpublique.fr, on apprend que la pétition est « l’une des plus anciennes méthodes de la démocratie ». Servi par l’industrie numérique, le citoyen du monde peut désormais « agir sur le monde » sans sortir de chez lui. Vertige de l’amour virtuel…
En arrivant sur le site lapetition.be, vous aurez le c
hoix entre apporter votre signature pour sauver la crèche « Au Jardin de Kassiopée », vous opposer à la libération de Marc Dutroux ou à l’implantation d’un abattoir rituel à Guéret (Creuse). Les Pussy Riot, bientôt citoyennes d’honneur de la ville de Paris ? Rien de plus facile, la pétition est mise en ligne par la plate-forme change.org. De son côté, le site Avaaz – présenté comme « mouvement mondial en ligne qui donne aux citoyens les moyens de peser sur les prises de décision partout dans le monde » – nous informe en temps réel du nombre de personnes ayant signé pour un moratoire sur les pesticides tueurs d’abeilles : en 36 heures, 2 428 444 personnes ont déjà répondu présent.
Fini ces militants qui vous harcèlent avec leur argumentaire poussif et leur papelard tout froissé : la pétition en ligne vous épargnera tout contact avec ces gouailleurs d’un autre âge. Simple, rapide, gratuite, il ne vous faudra que quelques clics de souris pour valider votre engagement politique auprès des causes les plus nobles et les plus exotiques… les fesses bien carrées dans un fauteuil. (...)
Du clicktivisme au slacktivisme (activisme mou), les néologismes ont fleuri pour qualifier l’attitude de ces anonymes atteints de pétitionnite aigüe. Outre le brouillage politique induit par ces empilements non hiérarchisés de causes à soutenir, les quelques sites spécialisés dans la pétition numérique interrogent sur cette forme de militantisme qui a plus à voir avec la brève indignation émotionnelle qu’avec l’engagement au long cours. (...)
« Le problème, c’est que ce modèle d’activisme épouse aveuglément l’idéologie du marché. Il fait naître l’idée que des recherches en marketing utilisées pour vendre du papier toilette peuvent également générer des mouvements sociaux », estime Micah White, un des initiateurs d’Occupy Wall Street.
Pis encore, certaines critiques pointent du doigt le business florissant du clicktivisme. Appel à dons, partenariats avec le monde économique, lobbying politique, le terreau dans lequel ces plate-formes ont plongé leurs racines rappelle que la bonne conscience des uns peut faire la fortune des autres. (...)