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ouest-France
A la frontière italienne, l’aide aux migrants continue
Article mis en ligne le 8 novembre 2016

« On n’a pas le droit mais humainement, on ne peut pas ne rien faire » : avec son mari, Gisèle Cottalorda passe une soirée par semaine en maraude à Vintimille, en Italie. Le couple distribue discrètement à manger aux migrants en transit.

Dans cette commune frontalière, le couple, qui se relaie avec d’autres bénévoles, opère en moins d’une heure pour cette distribution clandestine. Leur tour, c’est le mardi soir. Premier arrêt, la gare. Deux mondes se croisent, des jeunes Africains assis à attendre et des travailleurs frontaliers qui descendent du train.

(...) "C’est sans fin cette histoire"

Rapidement, les Cottalorda ouvrent leur coffre et distribuent des sacs repas. « Il y a un sandwich avec du pain et du fromage sec, un oeuf dur, une tablette de chocolat et une viennoiserie. On en fait 120 et en principe, on s’en sort. Des fois, on pourrait en avoir plus car c’est sans fin cette histoire », détaille Gisèle.

Dans ce petit Calais italien où transitent depuis 2015 des dizaines de milliers personnes originaires surtout de régions instables d’Afrique, il est interdit de nourrir les migrants. (...)

Le couple est de Breil-sur-Roya (Alpes-Maritimes), comme Cédric Herrou, un agriculteur de 37 ans mis en examen en octobre pour avoir installé une cinquantaine de migrants dans une colonie de vacances SNCF désaffectée à Saint-Dalmas-de-Tende (Alpes-Maritimes). Il sera jugé le 23 novembre à Nice notamment pour « aide à l’entrée, à la circulation et au séjour d’étrangers en situation irrégulière ».

« On va le soutenir et se mobiliser », indique Gisèle. L’ombre des sanctions qui pèse sur Cédric Herrou, comme le nombre sans cesse croissant de migrants, a sonné la fin de l’insouciance pour les militants du collectif Roya Citoyenne, dont ils font partie. (...)

Après la gare, le couple poursuit sa maraude, direction le bord de mer, puis sous un pont autoroutier. « On passe bien dans le noir, car si les riverains nous repèrent, ils appellent la police (italienne) qui peut nous embêter ou nous confisquer ce qui reste de nourriture », expliquent les Cottalorda, en escaladant un muret avec leurs lourds cabas contenant les sacs de nourriture. (...)

Face à ceux qui assurent que la France compte déjà trop de personnes dans le besoin pour en accueillir davantage, Jean-Pierre répond : « Ce sont des arguments éculés. Ceux qui disent ça ne font rien ». Avec son association Soupe de nuit, il se rend également à Nice et à Menton pour distribuer à manger à des sans abris ou des retraités sans le sou. (...)

« Au début de l’arrivée des migrants, les autorités essayaient d’arrêter les passeurs. Bon nombre ont été condamnés à des peines lourdes. Maintenant on tape sur les associatifs et les militants alors qu’eux ne poursuivent qu’un but humanitaire ». (...)