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Acrimed
À propos de la solidarité via Facebook avec le bijoutier niçois
Article mis en ligne le 15 octobre 2013

Nous publions ci-dessous, avec leur accord et sous forme de « tribune » [1], un article paru sur hoaxbuster.com sous le titre « Mille millions de bijoux de famille », qui propose d’expliquer comment une page créée sur Facebook en solidarité avec le bijoutier niçois qui, le 11 septembre dernier, a tué l’un des braqueurs de son magasin, a pu recueillir en quelques jours plus d’un million de marques de soutien. (Acrimed)

Nous n’en revenons pas, une page Facebook, en ligne depuis le 11 septembre, dépasse allègrement le million de fans ! De mémoire de hoaxbuster (en ligne depuis 2000 et présents sur Facebook depuis 2007), c’est du jamais vu. La progression est tellement hallucinante que nous voulons en savoir plus.

Premier coup d’œil, la page est anonyme. Incroyable, les internautes sont en train de liker [2] massivement une page dont ils ne savent absolument rien !

 Qui est derrière ? « Sais pas »
 Que va devenir votre like ? « M’en fous ! »
 Savez-vous que sur Facebook certaines de vos données personnelles sont publiques (et donc accessibles à l’administrateur de la page) ? « Heu... y z’ont pas le droit, j’ai affiché un panneau sur mon mur ! »

[Informations publiques sur Facebook]
 Nom
 Photos de profil et de couverture
 Réseau
 Sexe
 Nom d’utilisateur et identifiant

 Savez-vous que l’administrateur de la page peut désormais faire afficher sur votre profil (et ceux de vos amis) les messages de son choix ? « Hein ??? »
 Savez-vous que les messages en question peuvent être ciblés en fonction de votre profil, de votre âge, de votre sexe, de votre ville, de vos centres d’intérêt, de chacune des pages que vous aimez, etc... ? « Stooop ! »

Voilà plus de dix ans que nous rabâchons qu’il est indispensable de prendre un peu de recul avant toute action sur le net. Autant de paramètres non pris en compte par autant d’internautes en si peu de temps, en dehors des fausses pages pour gagner des ipads ou des paires de Louboutin, ça paraît dingue et complètement hors de propos (...)

là, rien n’est clair. Trop de likers en même temps, trop de passions, trop d’émotions, trop d’insultes aussi, il y a quelque chose qui cloche. (...)

Il existe cependant une explication rationnelle à cet engouement irrationnel. D’autres avant nous, et notamment Guy Birenbaum, ont montré que des liens forts existaient entre la page de soutien au bijoutier et l’extrême droite, inutile de refaire la brillante démonstration (ndlr : effectuée par le fondateur du webmag kanard.fr).

Que l’administrateur de la page ne soit « affilié à aucun parti politique », comme il le prétend, ne change rien. Il est clairement établi que la base des likers se situe dans les sympatisants d’extrême droite via ses nombreuses ramifications sur le net (blogs, sites, newsletters, pages Facebook, etc...). Ce sont eux qui ont initié le mouvement et eux qui l’ont monté en épingle. Plusieurs autres pages de soutien au bijoutier ont été créées (y compris avant celle-ci) et il a bien fallu en choisir une parmi les autres pour concentrer le mouvement et espérer obtenir un écho médiatique. Chacun comprendra que sans un mot d’ordre suivi, les likes spontanés se seraient immanquablement dispersés au gré des différentes pages présentées par Facebook, c’est toujours le cas quand une actualité populaire se répand sur Facebook comme une trainée de poudre, aucune raison que le moteur du réseau social choisisse de ne présenter qu’un seul et unique résultat aux requêtes des utilisateurs (un test sur un fait d’actualité permettra de s’en persuader).

Face à ce constat, il conviendra à chacun de savoir s’il se reconnaît dans un mouvement beaucoup plus politisé qu’il n’y paraît... ou pas. À chacun aussi de se rappeler comment il a eu connaissance de la page en question avant de la liker. En gros, il y a quatre possibilités :
 la recherche personnelle
 le partage ou un commentaire de la page via un "ami"
 un message personnel l’encourageant à liker
 après l’avoir vue / entendue dans les médias (...)

On constate qu’en dehors de cette période de 24 heures hyper ultra médiatisée, la page de soutien ne connait aucun mouvement notable, ni avant, ni après. Il y a un lien de cause à effet évident et il est clair que la plupart des personnes ayant liké la page l’ont fait après... l’avoir vue pendant plus de 24 heures à la télé. 24 heures pendant lesquelles on leur répètera « l’impressionnant mouvement de solidarité des français ». CQFD et c’est aussi simple que ça !

Une question demeure toutefois, quel média a décidé le premier de pointer ses caméras / micros précisément vers cette page plutôt qu’une autre ? Permettant ainsi un tel emballement médiatique... Et pourquoi ? (...)

Conclusion

On l’a vu, le nombre hallucinant de likers de la page est principalement lié à deux facteurs. Premièrement, une action concertée par la mouvance "extrême droite" et deuxièmement, un emballement médiatique hors norme et sans précédent. (...)

Cette propagande et la déflagration médiatique qui s’en est suivie seront sans aucun doute possible récupérées politiquement.

Objectivement cependant, il convient de relativiser la portée réelle du message adressé. (...)

Qui que ce soit, aucun média n’a pris la précaution de prévenir les internautes qu’un like sur une page Facebook n’avait rien d’anodin et permettait à l’administrateur de la page de jouer avec ses likers (par exemple via des publications sponsorisées). Personne n’a pris le temps de montrer aux likers qu’en s’abonnant à une page anonyme, ils livrent en pâture non seulement leurs données publiques mais également une partie de celles de leurs « amis » à qui voudra bien s’en servir.