
Alors que certains de nos responsables politiques réclament toujours plus de restrictions à l’encontre de la liberté d’expression des opinions religieuses, les musulman-e-s de France font l’objet de discriminations croissantes de la part de leurs compatriotes. En même temps, le partage de l’espace public est revendiqué par des activistes qui souhaitent concilier institutions et traditions. Comment trouver un juste milieu entre celles et ceux qui souhaitent sauvegarder la neutralité des normes et celles et ceux qui veulent imposer leurs coutumes ou leurs codes cultuels au mépris des droits individuels ?
Le principe de laïcité a été conçu au début du XXe siècle dans une optique de combat et de lutte contre l’oppression. Il a servi d’étendard afin de repousser les religions dans leurs tranchées. Ce principe est aujourd’hui récusé par une partie de la gauche et récupéré par une partie de la droite et de l’extrême-droite pour lutter contre l’islam de France, jugé trop envahissant. Plusieurs juristes avertis ont pourtant alerté les pouvoirs publics quant à ce danger, en démontrant que le principe de laïcité devrait permettre la coexistence des croyances, notamment à l’école. Faut-il interdire toute manifestation de la foi pour placer toutes les croyances sur un pied d’égalité, ou au contraire faut-il laisser plus de liberté aux cultes pour leur permettre de dialoguer et de nouer des liens ?
Le principe d’égalité entre les croyances est donc incontournable dans ce débat. Comment mesurer la juste contribution à l’espace public des différentes religions, sans minimiser le combat des précurseurs du principe de laïcité ? (...)