
Le gouvernement a lancé mi-juillet son appel d’offres pour la construction des parcs éoliens offshore au large des côtes françaises. Présenté comme une véritable aubaine économique pour le pays, avec des milliers d’emplois à la clef, cette nouvelle filière est de fait réservée aux poids lourds du secteur de l’énergie et du nucléaire : EDF, GDF-Suez ou Areva. Au risque de freiner une nouvelle fois l’émergence de filières industrielles régionales qui pourraient profiter aux PME et à la conversion écologique de l’économie.
(...)Réparties sur cinq parcs, principalement situés dans la Manche et au large de la Bretagne, elles devraient représenter une puissance totale de 3 000 MW, de quoi se passer de deux réacteurs nucléaires EPR. Un second appel à projets sera lancé en avril 2012, pour une puissance similaire (...)
Quatre pôles régionaux, incluant des centaines d’entreprises, sont en cours de constitution en Bretagne, dans les Pays-de-Loire ou en Haute-Normandie. (...)
« Techniquement, c’est beaucoup plus difficile de développer l’éolien en mer que sur terre. Il serait plus logique de commencer par remplir l’on-shore, et en profiter pour développer de véritables compétences », estime Patrick Saultier, exploitant de parc éolien. C’est le chemin qu’a choisi l’Allemagne, souvent citée en exemple par nos ministres.
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« Les PME et TPE risquent fort d’être cantonnées à l’activité de sous-traitance, pour construire de petits équipements comme des mâts, des pales ou des roulements, ou réaliser des installations dans les métiers des génies civil et électrique », prédit Philippe Gattet, économiste et auteur d’une étude sur le marché français de l’éolien à l’horizon 2020. Dans l’éolien, les trois quarts du coût est capté par les turbines, dont la technologie n’est pas présente en France. Le tissu industriel local ne bénéficiera donc pas de cette activité à forte valeur ajoutée. Résultat : « Ce sont surtout les groupes industriels étrangers qui vont profiter de l’appel d’offres » (...)
le cahier des charges arrêté par Éric Besson, ministre de l’Énergie, est, de fait, réservé aux très gros énergéticiens français.
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Fidèle à son histoire, l’État français préfère des filières organisées par le haut, structurées autour de grands groupes pyramidaux. Et non un maillage de PME, capables de s’organiser en réseaux horizontaux. La décentralisation de la production d’énergie, notamment renouvelable, est pourtant l’une des clefs de la transition écologique. (...)
La compagnie du vent a fait les frais de cette préférence pour les grands groupes. (...)
Autre appréhension des personnes convaincues de l’intérêt de l’offshore : le manque de visibilité et de constance réglementaire, auxquelles le secteur éolien français n’est que trop habitué. « On change de loi sans arrêt. Les règles du jeu ne cessent d’être modifiées »
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