
Au Malawi, les défaillances du système judiciaire laissent les personnes albinos à la merci de bandes criminelles et contribuent ainsi à la nouvelle vague d’homicides et d’agressions qui visent depuis six mois les personnes albinos.
Malgré le renforcement de la législation visant à lutter contre les violences faites aux personnes albinos, notamment les réformes du Code pénal et de la Loi relative à l’anatomie, nous assistons en 2017 à une recrudescence alarmante des homicides et des agressions.
Les personnes albinos sont chassées et tuées comme des animaux car les parties de leur corps sont recherchées. Leurs os seraient vendus à des guérisseurs du Malawi et du Mozambique, qui les utiliseraient pour fabriquer des talismans et des potions magiques censés porter bonheur et attirer la richesse. (...)
DES ENLÈVEMENTS QUI SE MULTIPLIENT... DONT DES ENFANTS
Le 28 mai, Mayeso Isaac (neuf ans) a été emmené par un groupe de 10 hommes. Il s’agit du dernier enlèvement en date. Il a eu lieu dans un pays voisin, le Mozambique, où ce jeune garçon était allé rendre visite à de la famille. Les autorités malawiennes et mozambicaines sont tenues de diligenter une enquête rapide et efficace sur cette disparition.
Le 9 mars, en pleine nuit, quatre hommes ont tenté de percer un trou dans un mur du logement de Gilbert Daire, à Lilongwe. Celui-ci a échappé à une agression grâce à l’intervention de ses voisins, qui ont mis les intrus en fuite. L’un des auteurs présumés a été arrêté après que des habitants du quartier l’ont livré à la police mais il a finalement été relaxé. (...)
Au Malawi, la police est autorisée à poursuivre des auteurs présumés d’infractions et à les déclarer coupables, bien qu’elle dispose de ressources insuffisantes et que ses agents n’aient reçu qu’une formation modeste. Par conséquent, la plupart des affaires ne sont pas traitées correctement et aboutissent rarement à une condamnation. Dans la grande majorité des cas, les auteurs présumés de violences à l’égard de personnes albinos, en particulier d’homicides, ne sont pas jugés faute d’aide juridictionnelle et à cause du manque de moyens de la justice.
Même lorsque des procès ont lieu, les prévenus sont souvent remis en liberté parce que les enquêtes ont été entachées d’irrégularités et n’ont pas permis de recueillir des preuves recevables.
Le seul moyen de faire cesser ces homicides est de veiller à ce que les lois en vigueur soient véritablement appliquées et à ce que les poursuites judiciaires et la coordination entre les différentes instances soient efficaces.
La multiplication des atrocités commises au grand jour contre des personnes albinos montre que les bandes criminelles éprouvent un sentiment d’impunité grandissant. Celles-ci profitent des défaillances du système judiciaire malawien. Il faut que les autorités prennent des mesures décisives pour mettre un terme définitif à ces violences.