
Alaa Eddine, lycéen de 21 ans, élève du lycée La Tournelle à La
Garenne-Colombes (92), passera son bac comme prévu à la fin de l’année
scolaire. Il a été libéré ce 23 mars du centre de rétention (CRA) de
Vincennes où il était emprisonné depuis 24 jours. Alaa, dont toute la
famille est en France, est algérien. Entré en France quelques mois après
son seizième anniversaire, il s’est retrouvé sans papiers à sa
majorité et donc, susceptible, au premier contrôle, d’être arrêté,
mis en rétention et expulsé. Sauf… qu’Alaa est lycéen et qu’il a
une famille, un environnement social, qui n’ont pas laissé faire.
Cette victoire appartient à toutes celles et tous ceux qui se sont
mobilisés pour obtenir la libération du lycéen de La Tournelle. Les 1500
signataires de la pétition, celles et ceux qui ont faxé, envoyé des
courriels ou sont intervenus par d’autres moyens en direction de la
préfecture, du ministère de l’éducation nationale ou bien de
l’intérieur. Celles et ceux qui ont relayé ce combat auprès de leurs
syndicats et associations ou de leurs ami-es, celles et ceux qui ont
manifesté dans la rue. Résultat : Alaa est libre. Le ministère doit en
tirer les conséquences et le régulariser ainsi que sa famille !
Mais, en réalité, la question dépasse le cas d’Alaa. En octobre 2013,
deux jeunes scolarisés, Léonarda et Khatchick avaient été expulsés,
provoquant des manifestations lycéennes qui avaient amené le président
de la république à proposer en direct à la télévision le retour des
deux jeunes expulsés. Léonarda avait refusé, Khatchick ne l’avait pas
pu, ayant été incorporé pour deux ans de service militaire dès qu’il
avait posé le pied en Arménie. Depuis lors, le gouvernement se montre
très circonspect : au moins une quinzaine de lycéens ont été placés en
rétention, aucun n’a été expulsé, tous ont été libérés. Non par
générosité ou altruisme et encore moins parce que les ministres auraient
des idées de gauche… mais bien par crainte des réactions des jeunes qui
faisaient savoir qu’ils n’accepteraient pas. C’est un progrès (sauf
pour les élèves et leurs familles qui vivent des jours ou des semaines
d’emprisonnement, d’angoisse et de déscolarisation) mais ça ne suffit
pas.
Il faut inscrire dans la loi ce qui est déjà une réalité :
l’interdiction de l’expulsion des jeunes scolarisés. Et la
conséquence qui s’impose : le droit pour ces jeunes à un titre de
séjour leur permettant de poursuivre leurs études puis de travailler et
de bâtir leur existence là où ils vivent.