
Le système de la dette et les accords de libre-échange constituent les leviers les plus puissants d’intégration à marche forcée des pays dans la mondialisation néolibérale, avec tout ce que cela comportent : mesures d’austérité, dérégulations, privatisations, développement du commerce extérieur et déconnexion de la production de la satisfaction des besoins locaux, pénétration des multinationales et dépendance des grands pôles de décision (États-Unis, UE, IFI…), au détriment de la démocratie et de la souveraineté des peuples. Les négociations de deux accords gigantesques, Transpacifique, TPP (déjà signé) et transatlantique, TAFTA (encore en cours de négociation) vont accélérer et approfondir ce processus qui va encore accroître le poids des pays industrialisés, - et notamment des États-Unis- pivot des deux accords, et le pouvoir des multinationales.
Pour le Maroc l’ouverture de son économie à la concurrence internationale est présentée officiellement comme une « chance pour le Maroc d’intégrer la mondialisation et permettre aux entreprises marocaines d’accéder aux marchés à l’international ». Avec cette ambition, l’État marocain devient le « champion » régional du libre échange. (...)
Ces accords s’ajoutent aux règles de l’OMC déjà défavorables pour les pays du Sud. Actuellement, le Maroc est en négociation avec l’UE pour un nouvel accord intitulé Accord de libre échange complet et approfondi (ALECA). Des ALE sont également en préparation avec le Chili et le Canada. Ces trois cycles de négociations se déroulent dans la plus grande discrétion et à l’ombre des négociations entre les États-Unis et l’UE du Traité transatlantique. En Afrique, les APE et récemment l’Accord Tripartite de la Zone de Libre Échange (TFTA) constituent des instruments d’intégration du continent et l’accaparement de ses richesses par les anciennes puissances coloniales.
Cette frénésie pour la signature d’accords de libre échange n’affecte donc pas que le Maroc et touche la plupart des pays du monde, dont les populations connaîtront les mêmes types d’impact sur leurs économies, leurs sociétés et leur environnement : déséquilibres extérieurs, érosion du tissu industriel, augmentation du chômage, dépendance alimentaire, accaparement et épuisement des terres, etc.
Dans ce contexte, il est urgent de lever le silence qui entoure cette question dans notre pays et de présenter des éléments de réflexion critique et de débat sur ce sujet qui ne peut pas être traité indépendamment de l’impunité que ces accords donnent aux investisseurs et aux multinationales et du modèle économique qu’ils promeuvent, principal responsable de la crise économique, sociale et environnementale et du réchauffement climatique. (...)