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Entre les lignes, entre les mots
Abolition de la GPA et de la prostitution, même combat contre le patriarcat
Geneviève Duché : Non au système prostitutionnel Une analyse féministe et abolitionniste du système prostitutionnel Editions Persée, 2016, 396 pages, 23,40 euros
Article mis en ligne le 30 octobre 2017

Prostitution et gestation pour autrui (ou maternité de substitution) ont bien des choses en commun et d’abord elles sont le produit de cette ancienne, très ancienne appropriation du corps des femmes par les hommes sur laquelle s’appuie le patriarcat et la domination masculine. Elles sont le contraire de la liberté et de l’autonomie des femmes. Elles s’inscrivent dans leur assujettissement et leur assignation au plaisir des hommes qu’il soit plaisir sexuel ou celui d’être père sans femme (un fantasme très ancien).

Les deux sont des achats de l’usage de corps, une marchandisation qui détruit la dignité et qui chosifie les personnes, le plus souvent les plus vulnérables.

Marchandisation et mondialisation :

Depuis quelques années la banalisation de la prostitution se déroule dans le contexte de la globalisation, de la traite des êtres humains qui ne cesse d’augmenter partout ainsi que sa visibilité avec les migrations forcées ou non, et ce que l’on appelle le « tourisme sexuel ». Ces phénomènes ne sont que l’horreur d’une exploitation méthodique de la pauvreté et de la misère par le viol tarifé de millions de femmes et d’enfants.

Partout dans le monde, la prostitution croît, dans des formes néo-colonialistes (migrations vers les pays riches et « tourisme sexuel »), mais aussi comme pratique en augmentation de clients parmi les hommes des pays dominés ou en développement.

La complaisance envers la prostitution et donc la complicité avec cette violence s’arriment sur la représentation d’une sexualité masculine agressive et réduite à la pulsion qu’il convient, non pas de remettre en question, mais de satisfaire, quitte à y destiner une catégorie de femmes et d’hommes, les prostitué-es.

La crise économique, le creusement des inégalités, l’augmentation de la précarité et de la pauvreté dans certains territoires et qui touchent particulièrement les femmes, font le lit de cette complaisance et sont un facteur très important de l’augmentation de la prostitution. Ceci amène les pro-prostitution à jouer les vertueux en criant au scandale et à fustiger les affameurs du peuple qui souhaitent abolir la prostitution, pénaliser les clients et ainsi tarir les ressources des personnes prostituées !1

Pour la Maternité de substitution c’est la même chose, les plus pauvres sont organisées en bataillon de ventres-réceptacles au profit de couples qui possèdent de l’argent.

On ne peut accepter comme justification de la prostitution et de la GPA que les femmes deviennent plus autonomes et plus libres partout, et qu’elles ont le droit de vendre ce qu’elles veulent. C’est exactement le contraire qui se passe. C’est leur dépendance et leur pauvreté qui permet l’exercice de l’emprise sur elles et la rentabilisation par d’autres de leur corps.

Nous devons refuser la déshumanisation du tout-marché, la domination de l’échange économique et du contrat qui font loi et norme des relations interindividuelles et qui renforcent le patriarcat. (...)

« Utiliser les termes de gestation pour autrui c’est déguiser une pratique sociale violente sous des discours sentimentaux et lénifiants » écrit le collectif pour le respect de la personne (CORP). (...)

Une forme nouvelle du patriarcat tente de se construire sur une société de propriétaires qui échangent des parties de leur corps, qui transforment les femmes en réceptacles et orifices pour la production de jouissances ou d’enfants, simples produits à valeur d’échange.

On ne peut donc qu’abolir et la prostitution et la gestation pour autrui, en une volonté et une action humanistes et féministes qui refusent à la fois le patriarcat et l’ordre libéral marchand.