
Nous poursuivons notre série d’information mensuelle sur l’actualité des médias avec cette vingt-quatrième édition, revenant sur le mois de février 2019
Du côté des journalistes, des éditocrates et de leurs œuvres
– Ligue du LOL : des journalistes harceleurs licenciés de plusieurs médias – La publication d’un article de la rubrique CheckNews de Libération a été à l’origine d’une vague de révélations sur les membres du groupe de conversation Facebook « La Ligue du LOL ». (...)
– Affaire Benalla : tentative de perquisition à Mediapart – Lundi 4 février 2019, après avoir publié des extraits de conversation entre Alexandre Benalla et Vincent Crase, la rédaction de Mediapart a fait l’objet d’une tentative de perquisition de la part du Procureur de Paris. Selon Mediapart, « l’exécutif, et son bras armé, le parquet de Paris, cherchent à savoir qui a enregistré les extraits sonores que nous avons diffusés, et qui nous a les a transmis. » Cette perquisition a été refusée par les salariés du journal, comme la rédaction en avait le droit. Comme le relate Le Monde, « les sociétés des journalistes d’une trentaine de médias ont exprimé mardi leur “vive préoccupation” après les événements survenus à Mediapart et ont dénoncé dans un communiqué une “tentative particulièrement inquiétante” d’attenter au secret des sources. »
– Edwy Plenel et deux journalistes de Mediapart condamnés pour diffamation – Selon le Journal du dimanche, « le directeur de la publication de Mediapart, Edwy Plenel, et deux journalistes du site d’information, Fabrice Arfi et Karl Laske, ont été condamnés pour diffamation envers le directeur de la rédaction du Journal du Dimanche, Hervé Gattegno. » En cause : « avoir publié en 2016, sans pouvoir apporter de preuve ni "justifier d’une enquête sérieuse", un article qui le mettait en cause à propos des affaires relatives à Nicolas Sarkozy. » Mediapart a annoncé vouloir faire appel de cette décision.
– Nouveaux cas de violences policières contre des journalistes – Nous en parlions le mois dernier : les agressions de journalistes par des policiers sont de plus en plus nombreuses. Au moins trois nouveaux cas ont été rapportés par la presse ce mois-ci. (...)
– Le parti présidentiel refuse d’accréditer Sputnik et Russia Today – La République en marche (LREM), le parti du président de la République Emmanuel Macron a annoncé mi-février qu’il refusait d’accréditer les médias Sptunik et Russia Today, en vue des élections européennes fin mai. D’après le directeur de campagne de LREM Stéphane Séjourné cité par Europe 1, « Ce ne sont pas des organes de presse mais de propagande au service du Kremlin. Ils ne doivent pas être assimilés à des médias, qui vérifient ou recoupent l’information ».
– De moins en moins de journalistes reconnus officiellement, mais un métier qui se féminise (...)
– Les cadres toujours surreprésentés à la télévision – « Alors qu’ils constituent seulement 9 % de la population totale, les cadres supérieurs représentent six personnes sur dix qui prennent la parole dans les programmes de la télévision (fictions, divertissements ou encore programmes d’information) ». C’est la conclusion de l’Observatoire des inégalités, à partir des données du « Baromètre de la diversité de la société française à la télévision, vague 2018 » du CSA. (...)
Du côté des entreprises médiatiques et de leurs propriétaires
– Cyril Hanouna, gilet jaune à mi-temps – D’après Le Canard enchaîné du 6 février, les salariés intermittents massivement utilisés par Canal+ ont vu leur salaire net fondre ces derniers mois, « jusqu’à moins 30 % » ! Cette baisse de pouvoir d’achat touche particulièrement les intermittents travaillant dans les émissions de l’animateur Cyril Hanouna, qui refuse de commenter. « Depuis deux mois et demi, relève Le Canard enchaîné, Hanouna, entouré de gilets jaunes, s’émeut de la chute du pouvoir d’achat des Français. » Cyril Hanouna a raté une belle occasion de joindre le geste à la parole.
– Pour la Cour des comptes, Radio France est un coût – La logique budgétaire continue dans l’audiovisuel public. (...)
Selon Libération, Sibyle Veil, qui dirige Radio France, a promis « un “plan d’actions” sur [l’]organisation sociale » de l’entreprise. D’ores et déjà, rappelle Libération, Radio France ne remplace pas un départ à la retraite sur deux.
– Vers une dérégulation de la publicité à la télévision – Pour permettre aux chaînes de télévisions de « rivaliser à armes égales » avec les plateformes telles que Netflix et Amazon Prime, un rapport de l’Autorité de la concurrence préconise d’y déréguler la publicité. D’après Le Monde, ses auteurs suggèrent « d’autoriser les publicités ciblées selon le profil du foyer, sa géolocalisation et ses préférences de consommation. Mais aussi d’en finir avec l’interdiction de secteurs jusqu’alors interdits à la publicité télévisée, comme le cinéma, l’édition ou les promotions de la grande distribution. ». Autres mesures libérales préconisées : réduire les obligations de financement des productions cinématographiques, assouplir encore un peu les dispositifs anti-concentration et supprimer les jours interdits de cinéma à la télévision. Conclusion du Monde : « Les chaînes privées peuvent sabler le champagne ; les radios et la presse, s’inquiéter ; et le cinéma trembler quelque peu pour la pérennité du financement des films. »
– Pour « sauver » L’Express, Alain Weill envisage des licenciements (...)
– Vice Media annonce la suppression de 250 postes – Pour certains médias numériques, l’âge d’or semble terminé. (...)
– Surprise après la nomination d’Hervé Godechot au CSA – Hervé Godechot, journaliste jusqu’ici à Franceinfo, a été nommé au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) après validation de sa candidature par la commission de la culture du Sénat. Le président du Sénat Gérard Larcher avait en effet proposé ce profil au début du mois de février. À la surprise générale selon Libération : « le personnage traîne quelques casseroles difficilement compatibles avec la détention d’un siège au CSA. (...) "
De quoi souligner une nouvelle fois l’aberrante méthode de désignation des membres du CSA [2], tous nommés par des responsables politiques (trois par le président du Sénat, trois par le président de l’Assemblée nationale et le président du CSA par le chef de l’État.)
– Violent plan social à Reuters France – « Liquider 3 200 emploi dans le monde en deux ans », c’est d’après Libération l’objectif que s’est fixé l’agence de presse Reuters, dans le cadre d’une profonde réorganisation. (...)
« On est très inquiet, l’ambiance dans la rédaction est à l’abattement. On ne s’attendait pas à ça. » Aucune inquiétude cependant pour le groupe Thompson Reuters, propriétaire de l’agence de presse : d’après Libération, il affiche « des revenus de 5,5 milliards de dollars en 2018, en hausse de 4%, et un excédent brut d’exploitation de 1,4 milliard ».
Du côté des publications sur les médias
Note : cette rubrique ne constitue pas une sélection, mais recense les ouvrages parus dans le mois sur la question des médias, qu’il s’agisse de bonnes et de moins bonnes lectures. (...)