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France 24
Adoptions bloquées en RD Congo : "Nos enfants sont comme en prison"
Article mis en ligne le 24 août 2015
dernière modification le 19 août 2015

Depuis deux ans, plus d’un millier de mineurs légalement adoptés sont retenus dans leurs orphelinats de RD Congo. Un imbroglio diplomatique insupportable pour les familles d’adoption qui n’ont droit d’établir aucun contact direct avec leurs enfants.

(...) "Tout a été fait dans la légalité, insiste Florence. Nous sommes passés par un OAA [organisme autorisé pour l’adoption] qui est rattaché au ministère des Affaires étrangères. Avant de recevoir l’agrément en 2012, nous avons été évalués pendant un an. On est allé à notre domicile, nous avons passé plusieurs entretiens avec un assistant social, nous avons été interrogés par deux psychiatres, nous avons été soumis à un contrôle médical, puis notre dossier est passé en commission. Nous avons pu prouver que nous étions des parents ayant bien réfléchi à un projet d’adoption. Nous ne sommes pas comme les quelques familles américaines qui, par le passé, ont pu bidouiller des choses abominables."

"Si le Quai d’Orsay ne fait rien, on ne s’en sortira pas"

Premier pays d’accueil en matière d’adoptions internationales, les États-Unis ont en effet été secoués ces dernières années par des affaires confinant au trafic d’enfants. En 2013, une journaliste de Reuters a ainsi révélé un réseau officieux de parents qui se débarrassaient de leurs enfants adoptés en les proposant, via des groupes Facebook et Yahoo !, à d’autres parents. Selon la reporter, plus de 260 enfants, la plupart âgés de 9 à 12 ans et majoritairement de sexe féminin, auraient été "échangés" cette année-là rien que sur Yahoo !. Quelques-uns d’entre eux ont ainsi été transférés, hors de tout cadre légal, dans des familles connues des services sociaux pour avoir maltraité ou abusé sexuellement de leurs enfants biologiques.

Autant d’affaires retentissantes qui ont parfois poussé les pays d’origine à durcir les conditions d’adoption pour les ressortissants étrangers. À quoi s’est ajoutée la légalisation, dans plusieurs pays d’accueil, du mariage gay et la crainte pour les pays d’origine farouchement opposés à l’homoparentalité que des enfants soient confiés à des couples du même sexe. Ainsi, en 2013, Kinshasa a justifié l’actuelle suspension des autorisations de sorties par le fait que des enfants congolais adoptés auraient soit été maltraités, soit transférés à des couples homosexuels.

Outre les 300 familles françaises, un millier d’autres parents étrangers - américains, canadiens, italiens, néerlandais et belges principalement – sont concernés par le blocage congolais. "Certains attendent depuis quatre ans", assure "RDC Adoption", un collectif de parents dont Florence et David font partie.

Au début du mois d’août, des sénateurs américains ont officiellement demandé aux autorités congolaises d’accélérer les dossiers laissés en souffrance. En 2014, le président français, François Hollande, a transmis une lettre à son homologue congolais qui a contribué au départ de huit enfants. Mais, depuis, les familles reprochent aux pouvoirs publics de ne plus rien faire pour mettre fin à l’imbroglio. "Si le Quai d’Orsay n’exerce pas davantage de pression pour traiter l’affaire, on ne s’en sortira pas, s’agace Florence. Sur le terrain, les autorités françaises ne donnent pas l’impression d’être aussi investies que d’autres. Peut-être qu’elles travaillent, mais comme elles ne communiquent pas, nous ne savons pas. Tout ça ne fait pas très sérieux !"

"Problème de confiance"

Contactée par France 24, l’ambassade de France à Kinshasa assure suivre de près la situation. "En concertation avec les autres représentations étrangères également concernées, nous intervenons régulièrement auprès des autorités congolaises, dit-on à la chancellerie. Nous avions des échos plutôt favorables sur un éventuel dénouement pour les cas ayant déjà bénéficié d’un jugement, mais il y aurait eu un souci avec des familles étrangères qui auraient essayé de faire sortir des enfants par la frontière avec la Zambie. C’est un dossier compliqué qui relève des plus hautes autorités congolaises. (...)

En attendant, les familles s’inquiètent chaque jour un peu plus du sort des enfants soumis à des conditions sanitaires précaires. Selon "RDC Adoption", une dizaine d’enfants adoptés par des étrangers sont morts en 2015 "dans une indifférente quasi-totale". (...)