
Entendus pour avoir publié le nom d’un ancien membre des forces spéciales, ils ont refusé de répondre aux questions des enquêteurs.
La journaliste a indiqué n’avoir fait « que son travail » dans une enquête publiée le 8 février sur l’affaire Benalla, et a rappelé que la loi sur la presse garantissait le secret des sources des journalistes.
« Si l’interrogatoire est resté d’une parfaite correction », a indiqué Me Christophe Bigot, l’un des avocats du Monde :
« Il n’en reste pas moins que les questions très intrusives sur les conditions de l’enquête journalistique, et la configuration même des lieux, suffisent à exercer une certaine pression sur les journalistes. »
L’interrogatoire – une audition libre, qui permet de garder le silence et de partir à tout moment – s’est en effet déroulé au quatrième sous-sol des locaux de la DGSI à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) ; Ariane Chemin et Louis Dreyfus, ont été interrogés séparément – trois quarts d’heure pour l’une, une heure et quart pour l’autre. (...)
« Tout est fait pour que ce soit intimidant », a expliqué M. Dreyfus :
« En plus du néon dans les yeux, il y avait un écrou juste à côté de mon poignet gauche, où pendait une paire de menottes… Ça crée une certaine ambiance. »
Le dispositif était le même pour Ariane Chemin (...)
La policière a demandé à plusieurs reprises si la journaliste avait vérifié ses informations, auprès de qui et par quels moyens. Ariane Chemin a souhaité garder le silence, « parce que c’était une manière indirecte de porter atteinte au secret des sources ». L’audition s’est close sur une note ironique de la policière, soulignant la vivacité de la réaction du journal juste après la convocation à la DGSI : le directeur de la rédaction a en effet signé le 22 mai un billet sur cette « inquiétante convocation », alors que sept autres journalistes d’autres médias ont été convoqués, par ailleurs, par le service de renseignement.