
Face au déferlement d’images et de commentaires passionnés - et parfois même délirants, il est difficile de décrypter globalement le comportement des médias en un seul article. C’est pourquoi nous entamons une série sur ce que les médias présentent désormais comme « l’affaire DSK ».
Dominique Strauss-Kahn était – selon des sondages qui n’ont aucun fondement scientifique [1], à son tour, le mieux à même de faire (enfin !) gagner le Parti socialiste. Apparemment, il n’en sera rien, au grand dam des éditorialistes. (...)
Les médias ont donc perdu leur candidat. Glosant depuis des mois sur son éventuelle candidature, les voilà orphelins. En 2006, ces mêmes médias pronostiquaient (espéraient ?) le retour de Lionel Jospin, et plus de trois cents articles avaient été rédigés sur ce thème en l’espace de quelques mois. Trois cents articles pour rien [2].
Aujourd’hui, pour Nicolas Demorand dans Libération (16 mai 2011 [3]), « les socialistes perdent le seul candidat qui avait, dans toutes les configurations possibles, la faveur des sondages. » Des sondages commandés et commentés par les médias eux-mêmes. (...)
« Irremplaçable », il l’est certainement pour Bernard Guetta de France Inter qui tire un bilan assez enthousiaste – et en prenant quelques largesses avec la vérité – du directeur du FMI : « [Dominique Strauss-Kahn] était devenu l’un des principaux artisans de ce sauvetage en prônant un réengagement des Etats dans l’économie et un soutien budgétaire à la consommation, afin que la croissance puisse repartir aussi vite que possible. » (France Inter) Sans rentrer dans les détails, soulignons que le FMI – donc DSK – a plutôt plaidé, encore récemment, pour un « rééquilibrage des finances publiques » [4]. Les politiques d’austérités (baisse du nombre de fonctionnaires, réduction des dépenses des Etats concernés, etc.) menées vont d’ailleurs dans ce sens et non pas vers un « réengagement des Etats dans l’économie ».
Préjugeant de ce que serait le monde sans DSK, Bernard Guetta ne cache pas sa déception : « Sans lui , les idées de régulation auraient eu bien plus de mal à s’imposer dans les forums internationaux » Se sont-elles simplement imposées ? Et si oui, est-ce grâce à DSK, ou plutôt « grâce à » la crise financière elle-même ? « Sans lui, ajoute Guetta, l’aide à la Grèce aurait été beaucoup difficile encore à débloquer et ne l’aurait été qu’au prix de sacrifices autrement plus grands encore que ceux qui ont été demandés à ce pays en faillite. » Que peut-il en savoir ?(...)
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