
Jugée pour trafic sexuel de mineures, Ghislaine Maxwell, ex-maîtresse de l’homme d’affaires américain Jeffrey Epstein, a été reconnue coupable mercredi 29 décembre à New York. Un verdict qui met un terme à plus de deux décennies d’impunité, mais qui laisse de nombreuses questions ouvertes.
À la sortie du tribunal Thurgood-Marshall, à New York, il y a eu « une certaine tristesse » mercredi 29 décembre, à l’annonce du verdict de l’affaire Maxwell. Un sentiment « doux amer », confie la journaliste du Miami Herald, Julie K. Brown, dont le travail a récemment permis de relancer l’enquête. Les victimes ont attendu « si longtemps » que la justice croie en leur parole.
Jugée pour trafic sexuel de mineures, la grande héritière britannique Ghislaine Maxwell a été reconnue coupable et risque de finir sa vie en prison. Le verdict met fin à plus de 25 ans d’impunité. Mais le suicide en 2019 de son ex amant, le célèbre homme d’affaires américain Jeffrey Epstein, a privé des dizaines de femmes de procès. Celui-ci restera, aux États-Unis, comme l’un des plus dérangeants de l’ère #MeToo.
Les victimes n’étaient âgées que d’une quinzaine d’années au moment des faits, au début des années 1990-2000. À l’époque, certaines d’entre elles portaient encore un appareil dentaire. À la barre, devant les procureurs fédéraux du district sud de Manhattan, trois jeunes femmes, aujourd’hui proches de la quarantaine, ont décrit le « piège » qui s’est refermé sur elles, lorsqu’elles n’étaient que des adolescentes. (...)
D’abord la fausse bonne copine, Ghislaine Maxwell, qui les mettait « en confiance », et les emmenait faire du shopping ou au cinéma. Puis qui faisait déraper tout doucement ce qui leur était présenté comme un simple massage. (...)
Là, invariablement, les filles étaient agressées sexuellement : par Maxwell et par son ex-amant, le richissime financier américain Jeffrey Epstein – il aurait dû être jugé avec la Britannique, mais il a été retrouvé pendu dans sa cellule en 2019. (...)
De toutes les affaires de l’ère #MeToo, le procès Maxwell restera comme l’un des plus dérangeants. Parce que l’accusée est une femme. Une femme « prédatrice », selon l’adjectif utilisé à plusieurs reprises par les procureurs. Une femme riche accusée d’avoir spécifiquement « piégé » des adolescentes pauvres, à qui Maxwell et son ex-amant multimillionnaire promettaient la lune. (...)
Cette affaire est « l’un des plus grands réseaux de pédocriminalité ayant jamais existé aux États-Unis », résume l’un des nombreux avocats de victimes, Spencer Kuvin, auprès de Mediapart. Car, outre les trois victimes appelées à témoigner à New York, 175 jeunes femmes ont perçu une réparation financière, parfois à hauteur de plusieurs millions de dollars, via un fonds de compensation lié à l’ex-amant de Maxwell.
175 victimes mais une seule coupable ? (...)
D’où le malaise ressenti au fil du procès. 175 victimes et une seule mise en examen. Si leur cliente est coupable, où sont les autres, les éventuels complices ? (...)
Le procès Maxwell n’a par conséquent pas apporté les réponses que beaucoup attendaient quant au fonctionnement de la galaxie Epstein, et c’est aussi en cela qu’il a été si dérangeant.
Des poursuites seront-elles lancées prochainement contre les possibles complices des ex-amants ? Contre les puissants ? (...)
À New York, Ghislaine Maxwell a quant à elle passé mercredi une nouvelle nuit dans sa cellule, à l’isolement. Elle risque 65 ans de prison.