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Affaire Kerviel - Société générale - Les banques et la nouvelle doctrine « Too Big to Jail »
Article mis en ligne le 29 mai 2015
dernière modification le 24 mai 2015

Rebondissement dans l’affaire Kerviel, l’ancien trader qui avait fait perdre près de 5 milliards d’euros à sa banque, la Société générale. Selon le témoignage d’ une ancienne enquêtrice, la hiérarchie de Jérôme Kerviel ne pouvait ignorer les positions qu’il avait prises. Or, l’ancien trader a été condamné à cinq ans de prison dont trois ans ferme en étant tenu comme seul responsable. Dans une série d’articles publiée il y a un an, Eric Toussaint témoignait de l’impunité dont bénéficient les grandes banques devant les autorités judiciaires. Suite à ces nouveaux éléments dans l’affaire Kerviel-Société générale, nous republions le premier article de cette série.

On connaît la maxime : « Trop grandes pour faire faillite » (’Too Big To Fail’). La manière dont les gouvernants ont géré la crise provoquée par les banques a débouché sur une nouvelle doctrine qui peut être résumée par : « Trop grandes pour être condamnées » |1|. Ou « Trop grandes pour être emprisonnées » si on traduit littéralement le nouvel adage qui fait florès aux États-Unis et au Royaume-Uni : « Too Big to Jail » |2| qui rime avec « Too Big to Fail ». En effet, alors que le gouvernement des États-Unis a laissé Lehman Brothers faire faillite en septembre 2008, aucune banque n’a été fermée |3| ou démantelée par décision de justice, aucun dirigeant de banque n’a été condamné à une peine de prison. L’unique exception dans le monde occidental concerne l’Islande où la justice a condamné à des peines de prison ferme trois dirigeants de banque. (...)

Le fait que la spéculation et les crimes financiers ont causé la pire crise économique depuis le siècle dernier pèse fort peu dans la balance de la justice. Bien que de tels excès soient associés à une épidémie de fraudes |8|, à tous les niveaux des opérations des banques des États-Unis, ces institutions sont autorisées à poursuivre leurs opérations. Il leur suffit de passer un accord avec la justice afin de payer une amende pour éviter une condamnation. Imaginez la situation suivante : après un mois d’enquête, la police retrouve une personne qui a commis un vol d’un million d’euros. Au moment d’être appréhendée, la personne en question déclare au juge d’instruction et à la police : « Je propose de payer deux mille euros d’amende, vous me laissez en liberté et vous n’entamez pas de poursuite. D’accord ? ». Le juge et la police lui disent : « Ok, pas de problème, excusez du dérangement. Bonne continuation. Essayez de ne pas vous faire prendre une prochaine fois, ce serait dommage ». (...)