Depuis le tragique accident provoqué par Pierre Palmade, certains médias parlent moins de l’accident que de la vie sexuelle de l’acteur ou de son rapport à la drogue ou au chemsex. Quitte à commettre de nombreuses approximations et à renforcer les stigmatisations. (...)

Il y a donc ce que l’on sait. Vers 19 heures vendredi, le comédien Pierre Palmade, 54 ans, au volant d’une Peugeot, percute une autre voiture au niveau de Villiers-en Bière, dans le sud de la Seine-et-Marne, transportant un homme et une femme enceinte, ainsi qu’un enfant âgé de 6 ans. Un troisième véhicule, conduit par un homme de 80 ans, vient percuter celui de cette famille.

Le bilan est très lourd. (...)

Pierre Palmade, lui, après être sorti du service de réanimation, a été placé en garde à vue mardi après-midi. Deux des passagers, qui étaient avec lui et soupçonnés d’avoir pris la fuite, se sont finalement rendus et ont été placés en garde à vue. (...)

Selon le procureur de Meaux enfin, Pierre Palmade conduisait sous l’emprise de la cocaïne d’après une analyse toxicologique, et du matériel d’injection aurait été retrouvé à l’occasion d’une perquisition à son domicile.

Un emballement médiatique

Pour le reste, on ne sait pas grand-chose. (...)

En attendant, les médias comblent des heures d’antenne en disséquant tous les angles possibles. TF1 livre l’interview exclusive et indécente d’un des pompiers ayant pris en charge l’acteur, « Les Grandes Gueules » de RMC se demandent si la famille des victimes a « raison de refuser les excuses » de Pierre Palmade. (...)

« Touche pas à mon poste », enfin, fait parler l’un des ex-amants de l’acteur pour livrer le plus de détails possible sur ses relations sexuelles ou laisse Jean-Marie Bigard expliquer comment lui aussi a pu rentrer en moto après avoir « bu vingt whiskies » sans y voir de souci particulier (...) sans que cela fasse rebondir Cyril Hanouna. (...)

À cet emballement médiatique devenu habituel après ce genre de faits divers, est venu s’ajouter le sujet de la drogue et du sexe dans la communauté LGBT+ (...)

« C’est un peu “regardez ces gays qui font n’importe quoi”. Un discours que les homos subissaient déjà au début des années sida ».
Fred Bladou, addictologue et chargé de mission à Aides. (...)

Des amalgames stigmatisants (...)

Un concentré de clichés qu’on a pu retrouver notamment sur C8 dans « Touche pas à mon poste ! » mardi soir. Lors d’un sujet intitulé « Dérives, addictions, séquelles… un adepte des soirées chemsex brise le silence sur ce tabou », le plateau s’est intéressé au sujet en enchaînant bêtises et généralités. (...)

Depuis six jours, certaines chaînes d’info se plaisent à tout mélanger, quitte à stigmatiser les LGBT+ (...)

Une stigmatisation des usagers contre-productive (...)

Plutôt que de parler de politique de réduction des risques, certains éditorialistes insistent au contraire sur le terme « toxicomanie », quand le personnel médical parle plutôt d’« addiction ». (...)

D’autres médias, qui regrettent de ne pas suffisamment parler des victimes en passant des heures à parler de Pierre Palmade, évoquent le laxisme supposé de la France face aux drogues et exigent plus de répression. De quoi faire rager Fred Bladou : « La politique répressive n’a jamais prouvé son efficacité et renforce le problème. Tous les usagers de drogue ne sont pas des cas psychiatriques, des inconscients ou des criminels de la route. »